Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                35S
       NÉCROLOGIE. — ALEXANDRE FLACHÉRON.
   Mourir à 3 1 ans, à cet âge où l'on a i e sentiment de sa force!
emporter avec soi tous ses beaux rêves d'art, tous ses projets
d'utilité publique, tout le fruit de ses longues études et de ses
nombreux voyages, c'est mourir deux fois! Tel a été le sort
de notre ami, de notre collaborateur Alexandre Flachéron.
Le 3 octobre 1841, la mort est venue, après six jours de m a -
ladie, le saisir à l'entrée de sa carrière d'architecte, au m o -
ment où le succès allait couronner de consciencieux travaux.
Au lieu de ne laisser que de profonds regrets dans le cœur
de tous ceux qui l'ont connu, Alexandre Flachéron eut légué
sou souvenir dans quelques beaux travaux à la cité qu'il
affectionnait. Ses recherches sur les trois aqueducs romains
qui amenaient les eaux à Lyon, recherches que nous avons
publiées dans nos 67e et 68 e livraisons, resteront comme les
meilleurs documents que nous ayons sur ces grandioses m o -
numents de la puissance romaine, monuments qu'il seraitfacile,
dans la pensée de l'auteur, d'utiliser encore sur certains points
pour d o n n e r a notre ville les eaux dont elle manque.
   L'académie de Lyon lui avait déjà, dans un concours
ouvert en 1834, décerné une médaille d'or pour un premier
mémoire proposant la restauration de l'aqueduc de la Bre-
venne, comme un des riieilleurs moyens de fournir des eaux
à Lyon.
   Ses cartons, remplis de dessins de nos édifices et de nos
antiquités, témoignent de ses constantes préoccupations pour
notre ville.U avait, en effet, le projet de donner en perspective
la plupart de nos monuments et de relever les inscriptions
lapidaires réunies à Lyon, et celles éparses aux alentours.
C'eut été une œuvre curieuse et intéressante pour notre cité.
   La modestie la plus grandeet la plus sincère venait réhausser
le mérite de l'artiste et faire aimer l'homme. Aux plus aima-
bles qualités du cœur se joignait le plus complet dévouement
pour son semblable. Ainsi, dans une des crues du Rhône, un
malheureux se noyait; déjà il avait disparu sous les moulins
de St-Clair, Alexandre Flachéron qui était venu avec quelques
amis voir les ravages du fleuve, n'hésita pas un instant, et
savant qu'on ait pu s'apercevoir de sa disparition, il disputait
aux flots et ramenait sain et sauf l'infortuné qui sans lui périssait.
Cet acte lui valut une médaille du gouvernement.
   Il ne fallait pas voir longtemps Alexandre Flachéron pour
devenir son ami. Aussi la douleur de sa famille a-t-elle trouve
de nombreux échos au dehors. Et le jour des funérailles, dans
la demeure mortuaire, chacun de nous a pu entendre les san-
glots d'une pauvre servante agenouillée dans un coin obscur de
l'apparlemeul. Quel plus bel éloge funèbre peut valoir celui-là.