page suivante »
201 chœur qui devait chanter durant la traversée les hymnes composés pour cette fête. Vous vous rappelez la beauté de la course; ces rives boisées s'effaçant sous les yeux ; les vil- lages devant lesquelles le Ilot nous conduisait et nous emportait ; la population des deux bords accourue pour saluer votre passage ; l'accident heureux de la lutte que la vapeur sur la terre, établit un instant avec la vapeur sur le fleuve, et le Syriusdevançant dédaigneux la longue file des wagons ; puis toujours le Rhône qui nous entraînait rapide, et dont les vagues semblaient apaiser leur grande voix, pour murmurer de doux chants autour de nous. Le soleil se leva radieux à moitié de notre course, et nous montra les collines onduleuses et boisées du Forez etduDauphiné, qui venaient, fraîches et coquettes, baigner leurs pieds dans le flot courant. Des charmantes habitations, des ruines féodales, des tours aux chaudes teintes que les artistes aiment tant, des églises champêtres aux clochers carrés ou à flèche élancée, venaient à tout moment clore un horizon que l'on eut dit exprès créé pour le plaisir de nos yeux. Puis, à chaque détour du fleuve, une foule nouvelle, de nouvelles acclamations, de nouveaux paysages venaient attirer vos regards et fixer votre attention. Ces acclamations, je ne crains pas de le dire, Messieurs, étaient une preuve des bons sentiments qui animent nos provinces, et des encouragements qu'elles vous donnaient, à vous, qui tentez d'élargir le cercle étroit de la centralisation scientifique et littéraire. C'est ainsi que nous arrivâmes, citoyens et hôtes de la co- lonie fondée par Plancus, pour visiter son antique berceau, cette Vienne si célèbre comme cité allobroge, comme mu- nicipe gallo-romain, comme capitale des rois bourgignons et comme métropole chrétienne. Ce dernier titre, qu'elle avait acquis par le sang de ses martyrs, fut, de tous, ce- lui dont elle se para dans la suite avec le plus d'orgueil, et au dessus du siège de son archevêque , ce primat des primats, resplendissait l'or et le smople de son blason avec sa pieuse devise : Vienna civilas sancla. Le canon de la cité annonça notre arrivée, nos bateaux lui répondirent, et bien- tôt au milieu d'une foule innombrable qui garnissait les ri- ves du Rhône, nous atteignîmes son sol hospitalier. Rappelez- vous l'aimable réception de la ville entière accourue à notre rencontre, sur les pas de son premier magistrat, du sous- préfet et de la commission des beaux-arts de l'arrondisse- ment, La gaitô, l'expansion la plus franche qui avait régné