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leur fortune une large part pour leur pays, mais il peut être
donné à tous, dans certaines circonstances de rendre à leur
•ville natale, de rendre au pays tout entier de ces services dont
il faut éterniser le souvenir. Inventions utiles, dévouements
absolus, abnégation complète de soi-même pour rapporter
toutes ses actions au bien public, voilà ce qu'il faut honorer,
voilà ce qu'il faut encourager par des récompenses civiques.
Mais placer, par exemple, le major Martin sur la m ê m e ligne
que Jacquard n'est ce pas faire un appel à l'argent ? N'est-ce
pas honorer la fortune au même litre que le génie.
   Il nous semble qu'énoncer de pareils résultats, c'est juger
la résolution qui les peut amener. Oui, si la statue du major-
général Martin, du général anglais, car on ne lui a pas contesté
ce titre, est élevée sur l'une des places publiques de Lyon,
il suffira désormais, pour braver l'oubli, qui, le plus souvent
serait le partage du donateur, de laisser en mourant à la cité
lyonnaise une somme d'argent et jamais le vers de Boileau
que nous avons choisi pour épigraphe, n'aura peut-être r e n -
contré une application plus vraie.
   Cependant, nous ne voudrions pas tarir, par ces réflexions,
la source des bienfaits dont les malheureux peuvent être l'ob-
jet ; nous voulons, au contraire, que celle source s'élargisse;
nous voulons que les bienfaiteurs deviennent s'il est possible,
plus nombreux, mais nous voulons que la reconnaissance pu-
blique se manifeste autrement. Les noms des bienfaiteurs des
hospices, les noms des hommes qui enrichissent nos musées
sont inscrits sur des tables de marbre et cela suffit pour ho-
norer leur mémoire.
   Quelle est, d'ailleurs nous le demandons, l'illustration qui
entoure le major-général Martin ? Qu'a-t-il fait pour son pays?
lui qui ne compta, dans sa longue carrière, que des services
rendus aux plus mortels ennemis de la France, lui que l'or
 anglais, versé à profusion, a transformé en nabab indien?
    Oui, nous ne craignons pas de le dire, si le Conseil muni-
 cipal ne rapporte pas la délibération de ses devanciers il ne