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182 tic, suivant Leibnitz, comme suivant Charles Bonnet, de- meure unie à un corps. Mais le corps auquel elle demeure unie c'est le corps visible, le corps actuel, réduit à l'infi- niment petit par la destruction de toutes les parties gros- sières, de toutes les parties qui ne lui sont pas essentielle», le corps nouveau auquel l'ame demeure unie est une partie du corps précédent, il en est l'essence pour ainsi dire. Selon Bonnet, au contraire, c'est un corps nouveau auquel notre ame doit être unie. Ce corps est nouveau et cependant l'ame ne transmigre pas de son ancien corps dans ce corps nouveau. Ce corps nouveau, glorieux incorruptible, que l'ame doit revêtir un jour, il existe déjà en germe dans le corps actuel, et la mort rompant sa liaison avec ce corps ne fait que le dégager et le développer. Croire que le corps futur de l'ame existe déjà en germe dans le corps actuel, n'est-ce pas l'opinion la plus raisonnable, la plus conforme à la marche de la nature ? En effet, la marche de la nature ne se fait point par saut et par saccade. Elle prépare de loin et dans une obscurité impénétrable les productions qu'elle expose ensuite au grand jour. Si elle a placé dans la chenille le germe du papillon, pourquoi dans le corps actuel n'aurait-elle pas placé le germe du corps futur ? Ainsi l'ame doit toujours demeurer unie à un corps, et ce corps doit être un corps nouveau dont le germe déposé déjà dans le corps actuel doit être développé par la mort. Mais quel est ce germe, où est-il placé, et quelle est la nature de ce corps ? Voici quelles sont à cet égard les con- jectures de Charles Bonnet. Les physiologistes s'accordent en général à mettre le siège du sentiment et de la pensée dans le cerveau et plus spécialement dans ce qu'ils appellent le corps calleux. Or, selon Bonnet, le corps calleux ne serait pas encore l'organe immédiat de l'ame, et serait seulement 1 enveloppe de cette machine organique nouvelle à laquelle