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dans la nature par bond et par saccade, tous les êtres de Is
nature se tiennent et s'enchaînent les uns aux autres par des
transitions presqu'insensibles, ils forment tous une progres-
sion immense dont tous les termes ne sont séparés les uns
des autres que par une raison infiniment petite. Bonnet
élève celte loi que confirment de jour en jour les progrès de
l'histoire naturelle à la hauteur d'une vérité métaphysique
et nécessaire, et il ne craint pas de fonder sur elle une partie
de ses conjectures. Dans cette partie de la métaphysique qui
traite de l'état futur des êtres animés les deux idées fonda-
mentales de Leibnitz, sont : la survivance de toutes les ame&
et leur union perpétuelle à des corps organiques. Ces deux
idées sont aussi les deux idées fondamentales de Charles
Bonnet dont le système diffère d'ailleurs de celui de Leibnitz
par des différences dont j'aurai soin de tenir compte.
   Que l'homme doive continuer d'exister après cette vie,
Bonnet le prouve d'une part par la considération des attributs-
dé Dieu, de la souveraine sagesse, de la souveraine bonté, et
aussi par la considération de la nature de l'homme qui aspire
à l'immortalité ; de l'autre, par la révélation dont il fait à tort
intervenir l'autorité dans la philosophie. Mais cette partie
des idées de Charles Bonnet n'ayant rien de bien original, je
n'y insiste pas et je passe de suite à l'exposition de ses idées
sur la nature de cette immortalité. Notre ame dans la vie
nouvelle ne doit pas cesser d'être unie à un corps. Croire que
l'ame à la mort doive se séparer tout-à-coup du corps pour
exister à l'état d'esprit pur, c'est supposer qu'il y a dans la
nature, dans l'enchaînement des existences les unes aux
autres, des lacunes et des abîmes, c'est croire que la vie
nouvelle ne sera pas reliée à la vie passée, car quelle plus
brusque transition, quelle opposition plus manifeste que celle
qui existerait entre cette existence nouvelle de l'ame à l'état
d'esprit pur et l'existence qui l'a précédée dans laquelle