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17'9 dans ses spéculations il s'est appuyé sur le principe de la raison suffisante et sur la loi de la continuité qui en découle. La partie la plus originale de la philosophie de Charles Bonnet est contenue dans sa palingénésie philosophique. Palingé- nésie veut dire renaissance, résurrection. En effet, dans cet ouvrage il traite de la renaissance de l'homme et des animaux à une vie nouvelle. Selon Charles Bonnet, les animaux, les plantes elles-mêmes ont une ame, et celte ame, quoique en un degré bien inférieur à l'espèce humaine, est néanmoins aussi susceptible de perfectionnement et de progrès. A côté d'une vénération profonde pour la puissance infinie, la sa- gesse adorable de celui qui a tout créé, il y a dans l'ame si belle et si pure de l'auteur de la palingénésie une sympathie et un amour qui s'étendent sur tous les êtres animés de la nature , il lui répugne de croire que parmi ces êtres il en existe un seul qui ne doive s'élever un jour après plus ou moins de transformations jusqu'à la connaissance et à l'amour du créateur. Que devient l'homme à la mort, que devient son corps, que devient son ame ? Quels changements doivent s'opérer dans cette ame et dans ce corps? Comment dans sa condition nouvelle gardera-t-il le souvenir de sa condition passée ? Quel sera son nouveau séjour? Voiià les grandes questions auxquelles Charles Bonnet a cherché des réponses dans sa palingénésie. Ces réponses, il ne les donne pas comme des vérités mathématiquement démontrées, mais seulement comme des conjectures qui ont en leur faveur un certain degré de probabilité. C'est dans cet ordre de questions que Bonnet s'est inspiré des idées de Leibnitz pour lequel il pro- fesse la plus grande et la plus vive admiration. Il s'empare de la loi de la continuité, et il fait de celte loi une application plus étendue et plus rigoureuse que Leibnitz lui-même. Voici la signification de cette loi de la continuité : Rien ne se fait