page suivante »
— 469 — Pour les uns, la vie se réduisant à une suite de phénomènes physiques et chimiques, elle est en définitive mécanisme pur : tout y est maté- rialité. L'observation de la réalité oblige, au contraire, selon les autres, à reconnaître dans la vie quelque chose de plus que cette succession : un ordre, une direction, une fin. Parmi ceux-là , quelques-uns ont cru même que la vie échappait aux lois physiques et chimiques qui régissent le monde inanimé, qu'elle avait les siennes propres, lesquelles pouvaient même s'opposer à celles qui président habituellement aux phénomènes de la matière. On verra quel- ques-uns de nos auteurs soutenir cette thèse : elle n'a pas résisté à l'ob- servation attentive. S'il est vrai que les lois physiques et chimiques laissent échapper le caractère le plus essentiel, la vie ; s'il est vrai que, une fois vu et dit tout ce que la physique et la chiimVpeuvent voir et dire, il subsiste quelque chose d'inexprimé ; s'il est vrai que ce quelque chose est justement le plus important, le plus caractéristique, il n'en reste pas moins que rien ne se passe dans un organisme vivant qui soit contraire aux lois de la phy- sique et de la chimie. La physique et la chimie restent vraies dans le vi- vant comme en dehors de lui ; mais ni la physique ni la chimie ne suffisent à expliquer que, dans l'être vivant, tous les phénomènes mécaniques, tou- tes les réactions soient orientées, dirigées dans un sens, toujours le même, et qui est favorable à la conservation de la vie. Ces discussions ont été de tous temps. Cependant nous avons cru devoir limiter notre étude au xixe siècle. On devine aisément pourquoi : elles furent alors particulièrement ardentes. A mesure que les progrès de la physique et de la chimie étendaient le domaine de ces sciences et en précisaient la portée, il semblait que les conclusions, qui avaient pu paraître acquises définitivement aux siècles passés, étaient sans fondement ni certitude, et que le procès était à réviser en entier. De là dans les esprits une activité renouvelée pour l'étude de ces problèmes, dont la grandeur vient de ce que s'y rattache la question des destinées de l'homme. Aux matérialistes s'opposait l'animisme avec Stahl, ou le vitalisme