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                                  — igi —
paraît que ce sont eux qui ont mis les ouvriers en avant sans leur dire
leurs projets, et qui espéraient qu'une fois maîtres de tout, ils leur fe-
raient accepter Henri V. Mais ils ont été trompés. Un homme a paru au
milieu d'eux avec un drapeau blanc, mais au lieu d'être bien accueilli, on
l'a fusillé de suite... Je remets la main à la plume pour vous dire que l'on
bat le rappel pour que la Garde Nationale se mette sous les armes ; le duc
d'Orléans va passer pour se rendre à Lyon ; l'on espère que c'est un bien...
      « Lundi matin. Le Prince a passé hier à quatre heures du soir accom-
pagné du général Soult, ministre de la guerre ; ils se rendent au camp. Un
de nos voisins qui est dans la cavalerie de la garde nationale a été envoyé
par le sous-préfet d'ici, en dépêche au général qui commande les troupes ;
il a vu le camp où il y a 25 mille hommes et 35 mille qui arrivent à gran-
des journées pour faire 60 mille. Aussitôt en forces réunies, le général
dit qu'il marche sur Lyon ; il pense que ce sera après demain mercredi
qu'il entrera. Que de victimes, que de malheurs il va encore y avoir !...
Je vous écrirai... ».
      A travers la confusion de cette lettre écrite au fur et à mesure que
les nouvelles de l'émeute lui parvenaient, il est facile de discerner le juge-
ment sain et impartial de Julie Tattet, qui se refuse à rendre les ouvriers
en soie responsables des atrocités commises en leur nom par des bandits
salariés. De religion protestante, elle appréhende le retour des Jésuites,
de Charles X et de « ces gueux de Carlistes ». Si cela arrivait, dit-elle,
dans une autre lettre, les Protestants seraient perdus. Mais dès le 10 jan-
vier 1832, elle pouvait rassurer ses parents des Verrières Suisses auxquels
elle écrivait :
      «... Nous avons appris par les papiers publics que votre pays a été
encore en proie aux troubles et à la discorde. Il faut que les hommes soient
assez ennemis d'eux-mêmes pour ne vouloir jamais être d'accord. Tous
veulent les pouvoirs et quand ils les ont, ils en abusent, et de là la révolte
et les malheurs. Vous devez avoir reçu une lettre où je vous faisais le détail
des malheurs de Lyon, mais depuis tout s'est calmé. Dieu soit béni ! Il
y avait assez des maux de fait. Chose inouïe, dans le moment où tous les
braves gens se croyaient perdus, au moment où toute cette race féroce
était maître de la ville, dans ce même moment, tout est rentré en ordre