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l'Abbaye était suzeraine de Montcarra qui appartenait aux Dauphins, cette
question de suzeraineté pouvait être constamment remise en litige. Les
années qui s'écoulèrent entre 1278 et 1280 furent particulièrement agitées
pour le monastère, si l'on en croit Nicolas Chorier, qui est le seul écrivain
ancien du Dauphiné ayant signalé le fait, d'après des documents qui sont
complètement perdus pour nous \ Ce fut peut-être simplement la réper-
cussion des événements assez désordonnés qui se passèrent à Vienne après
la mort de l'archevêque Guy II d'Auvergne, dont le siège resta vacant jus-
qu'en 1283, mais dont l'intérim fut rempli par l'évêque de Valence, Guil-
laume, dont la vigoureuse énergie ne tolérait pas de manquement aux rè-
gles monastiques ou séculières. Il devait du reste être nommé en 1283 au
siège de Vienne, où il restera jusqu'en 1305. Chorier ne prend pas la res-
ponsabilité de son affirmation sur la conduite des moines : « Un écrivain
de ce temps-là dit que cette Abbaïe si célèbre etoit diffamée par sa disso-
lution et par l'insolence de ses Moines. Peut-être que les mauvaises mœurs
y avoient commencé durant la vie de l'archevêque Guy, par sa bonté, ou
par sa négligence, et qu'elles se découvrirent avec éclat après sa mort ».
Quoi qu'il en soit, Guillaume de Valence ne tergiversa pas ; il arriva avec
une forte troupe à Saint-Chef et mit une garnison dans le château. Puis il
s'occupa des affaires du monastère, chassa les religieux «qu'il jugea incor-
rigibles, par leur refus de se soumettre à la correction ; il conserva les au-
tres, et les donna à la conduite des anciens, qui n'avaient point eu de part
à ces nouveaux débordements ». Quant à l'abbé Aynard, dont la faiblesse
et la négligence semble avoir permis tous ces troubles, il se désista de sa
charge entre les mains de l'évêque qui le remplaça par un homme plus
ferme et plus sévère. L'histoire doit être moins cruelle pour Aynard, car il
devait être d'un grand âge, lorsqu'il fut contraint de céder la place, puis-
qu'il exerça pendant une trentaine d'années la charge d'abbé, et ses trac-
tations avec la Dauphiné Béâtrix sont une preuve de l'intérêt qu'il portait
à l'exercice des droits de son abbaye.
     Son successeur Aymond devait être le dernier Abbé de Saint-Chef, car
les archevêques de Vienne, pour couper court à toute compétition, obtin-

   1. Nicolas Chorier, ibid., L. V, ch. XIII du t. II, p. 160 de la nouv. edit.