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 sang-froid, à son caractère pacifique, un véritable massacre avait été évité
 et le sang lyonnais n'avait pas coulé une fois de plus sur cette place des
 Terreaux que la Terreur en avait inondée peu d'années auparavant.
      Malheureusement, deux attentats isolés vinrent, dans le courant de
l'après-midi, s'ajouter à celui par lequel la journée avait débuté et permettre
 aux ennemis de Montchoisy de prendre contre lui la revanche dont ils
 étaient avides.
      Il appartenait de toute évidence aux administrateurs adjoints à l'état-
major d'assurer la police ordinaire de la ville au moyen d'agents spéciaux ;
 mais il n'était ni possible ni raisonnable d'employer à cet usage les soldats
 de la garnison : maintenir ceux-ci dans les rues avoisinant la place des
 Terreaux, c'était aller au-devant de nouveaux conflits de caractère collectif
 entre la population et l'armée, conflits que le général commandant venait
précisément d'éviter de la façon la plus louable. Une fois la place évacuée,
 des agents de la police municipale auraient donc dû veiller au maintien de
l'ordre public et à la sécurité des passants. Mais de police civile organisée,
il n'y en avait à peu près point à ce moment à Lyon — et depuis longtemps
déjà — pour deux raisons péremptoires : on ne disposait d'aucuns fonds
pour la rétribuer et ceux qui auraient été chargés de la diriger en étaient
incapables à cause de leur ignorance avérée et du discrédit que nous avons
déjà mis en lumière. Aussi, en l'an IV, — et pendant longtemps encore
dans les années qui suivirent — des agressions, des meurtres, des attentats
de toute nature pouvaient-ils être perpétrés en plein jour sans que rien fût
organisé pour les prévenir et les réprimer, la population presque entière,
intimidée ou complice, ne faisant rien de son côté pour prêter son concours
aux autorités administratives ou judiciaires. Quant à ce qui se passait sou-
vent la nuit, c'était bien autre chose : la ville était plongée dans l'obscurité
la plus complète, le concessionnaire de l'éclairage public, impayé depuis
deux ans, ayant enlevé tous les réverbères !
      Dans le courant de l'après-midi et dans la soirée du I er prairial, nul ne
veillait donc à la sécurité des rues de Lyon. Les jeunes gens qui passaient
pour être affiliés aux « Compagnons de Jésus » en profitèrent pour y circuler
en groupes, selon leur habitude, et pour s'y livrer à leurs violences ordi-
naires. La rencontre sur leur chemin de quelques-uns de ceux que, dans le