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Quelques années plus tôt, vraisemblablement vers 970-990, l'Abbaye avait reçu concession de Gauloare, femme noble, fille d'Eldulphe et de Bertiliane, « d'une montagne appelée de St-Ferriol, où il y avait une église dédiée à ce saint qu'elle donna encore avec les dismes un mardy de janvier sous le règne du roy Conrad » l . Ce Conrad doit être vraisembla- blement le Pacifique, qui fut roi de Bourgogne Transjurane et vint à bout des Sarrasins et des Hongrois par la ruse. Il mourut en 991 et fut enterré dans l'église de Saint-André de Vienne. Grâce au cartulaire de Savigny2 nous possédons le nom de l'Abbé de Saint-Chef en l'an 1007, dominus Vuigo, abbas monasterii sancti Theu- derii, qui est nommé dans la charte d'élection de Durantus, abbé de Sa- vigny. Il est fait mention d'un autre abbé de Saint-Chef du nom de Pon- tius, dans un des actes épiscopaux de Saint-Léger qui succéda à Burchard sur le siège épiscopal de Vienne, vers 1029, et y demeura jusqu'en 1069. Mais le continuateur de la Gallia Christiana le donne comme douteux 3. Saint-Léger % si l'on en croit Chorier % « rétablit » l'abbaye de Saint- Chef, car « elle était tombée en ruines ». Faut-il en déduire que, pen- dant la première moitié du xie siècle, les travaux auraient été abandon- nés ou que Saint-Léger est le véritable restaurateur de Saint-Chef et que l'œuvre de Saint Thibault a été de minime importance ? Nous penchons pour la première hypothèse, car les nefs sont bien de la deuxième moitié du Xe siècle et le transept, comme l'abside, est du xie siècle, c'est-à -dire de l'époque de Saint-Léger. D'autre part, le mur de la façade est aussi du même appareil et de la même époque. Saint Léger aurait donc en quelque sorte terminé l'église, et c'est ce 1. Cette charte est mentionnée sans autre date dans l'Inventaire manuscrit de la Chambre des comptes du Dauphiné viennois, t. IV, f° 1947. Archives départementales de l'Isère, série B. Cet inventaire est du xvm siècle. Il en existe un autre exemplaire (copie du XIXe) concernant seulement la paroisse de Saint-Chef, e dans la bibliothèque de Me Grataloup, notaire à Saint-Chef. Ce manuscrit provient de la bibliothèque du Comte de Rivoire de la Bâtie, à Saint-Chef. L'orthographe et les noms même seuls diffèrent parfois. On lit en effet Guigonne au lieu de Gauloare. 2. Cartulaire de l'Abbaye de Savigny, suivi du petit cartulaire de l'Abbaye d'Ainay, publié par A. Ber- nard, Paris, Imprimerie Impériale, 1853, t. I, p. 287. 3. Cf. Gallia Christiana, continuée par Hauréau, t,XVI,Paris, F. Didot,in-f°, 1865.Province de Vienne. 4. Alias Léodégard (v. Collombet, loc. cit.). 5. Histoire de Dauphiné, nouvelle édit., t. II, p. 10.