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— 92 — projets desquels le général, déjà averti par lui le 29 floréal,n'avait pris aucune mesure préventive. C'était essayer immédiatement de faire remonter à Montchoisy lui-même, pour une large part, la responsabilité du sang versé. « J'étais bien fondé à craindre une réaction — lui écrivait-il à l'heure où il pouvait le coudoyer dans les couloirs de l'Hôtel de Ville — quand, par ma lettre du 29 floréal, je vous disais : « On tente par divers moyens d'exci- « ter l'indignation publique pour qu'elle serve de prétexte à faire couler le « sang ». Un événement aussi affligeant qu'inattendu a fait couler le sang ce matin, celui d'un citoyen, et la réaction s'est établie... Une bande de sicaires stipendiés par les émigrés, dirigée par eux et par leurs partisans, comme ils l'accompagnèrent lors des massacres des prisons, la pousse aux massacres, qu'ils n'arrêteront que lorsque tous ceux qui tiennent ou qui paraissent tenir à la République auront été leurs victimes. Cette malheureuse journée déshonore Lyon... Les terroristes, aussi méprisables qu'ils seraient sangui- naires s'ils pouvaient dominer, sont peu nombreux dans cette ville, sans moyens et sans capacité pour former et exécuter aucun projet. Le parti qui stipendie les égorgeurs a, au contraire, ces moyens et cette capacité, et il guette et saisit toutes les occasions qui peuvent servir sa vengeance impla- cable. Cette journée en est la triste preuve ». En lisant cette lettre, on a l'impression que, pour Paul Cayre, l'assassi- nat du malheureux Rollet par les soldats d'Hagaert I n'était qu'un détail sans conséquence, mis à profit par les contre-révolutionnaires pour déclan- cher une offensive depuis longtemps signalée par lui. Le 3 prairial, il démasqua complètement ses batteries et, par la lettre insidieuse qu'il écrivit au Ministre de la police générale, il fraya la voie aux ennemis acharnés de Montchoisy. « La conspiration — dit-il — qu'a découverte et conjurée le Directoire me donnait de l'inquiétude sur une réaction de la Compagnie de Jésus. Je communiquai mes craintes au général Montchoisy le 29 floréal. Je vous adresse, Citoyen Ministre, copie de ma lettre. Elle s'est manifestée le I er prairial à l'occasion d'un détachement de quinze hommes de la garni- son qui, rentrant entre onze heures et midi, s'était mis en bataille devant la 1. Cet officier était le chef du bataillon auquel appartenaient les soldats de l'avant-garde et il les avait commandés dans les montagnes du Velay.