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- i 3 6 - pas d'empêcher le mariage florentin. Elle avait sa promesse écrite de l'épou- ser et, malgré ses prières et ses menaces, refusait de la rendre et comptait bien s'en prévaloir. Elle le rebutait, se moquait de lui, et n'en était que plus aimée. Au printemps, pendant que le contrat de mariage se signait à Florence, il l'installa au Palais de Fontainebleau dans l'appartement de la Reine, près du sien. Elle y accoucha d'un fils qui mourut aussitôt après avoir été ondoyé. Le Roi, dit un témoin, en eut beaucoup de chagrin, « mais bien plus la mère, qui, de désespoir, faillit à mourir aussi, voyant ses prétentions faillyes ». Mais elle ne perdit pas courage. Les épousailles qui devaient avoir lieu à Florence, le 15 juillet, fu- rent retardées par un conflit avec le duc de Savoie. Charles-Emmanuel ne se pressait pas de tenir l'engagement pris à Paris (27 février 1600), de restituer au roi de France le marquisat de Saluées, dont il s'était emparé pendant les troubles de la Ligue, ou de lui céder en échange la Bresse, le Bugey et le Valromey. Henri IV, irrité de son manque de parole et deses intrigues avec les grands seigneurs mécontents, lui déclara la guerre. « Le duc de Savoie, écrivait-il à sa fiancée, a fait le fin jusques à ceste heure, mais je le presse de façon qu'il est au bout de son rôlet, et si dans huit jours il ne me satisfait, la première lettre que vous recevrez de moi sera datée de Chambéry ». Avec une galanterie toute militaire, il lui re- commandait de soigner sa santé, « afin que à votre arrivée nous puissions faire un bel enfant, qui fasse rire nos amis et pleurer nos ennemis ». Il ne répondait pas à toutes ses lettres, et, comme elle s'en plaignait, il accen- tuait en forme d'excuse les gaillardises : «S'il étoit bien séant de dire qu'on est amoureux de sa femme, je vous dirois que je le suis extrêmement de vous, mais j'aime mieux le vous témoigner en lieu où il n'y aura témoin que vous et moi ». Enfin le grand Ecuyer, duc de Bellegarde, arriva à Florence le 23 sep- tembre, porteur de la procuration qui autorisait le Grand Duc à épouser sa nièce au nom du roi de France. Tous les Médicis, leurs parents et leurs alliés étaient présents : D. Giovanni, oncle de Marie ; le duc et la du- chesse deMantoue, sa sœur et son beau-frère; D. Antonio, son père bâ- tard; son cousin, D. Virginio Ursino, duc de Bracciano, et la duchesse douairière, une Médicis.