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 pas d'empêcher le mariage florentin. Elle avait sa promesse écrite de l'épou-
 ser et, malgré ses prières et ses menaces, refusait de la rendre et comptait
 bien s'en prévaloir. Elle le rebutait, se moquait de lui, et n'en était que plus
 aimée. Au printemps, pendant que le contrat de mariage se signait à
 Florence, il l'installa au Palais de Fontainebleau dans l'appartement de la
 Reine, près du sien. Elle y accoucha d'un fils qui mourut aussitôt après
 avoir été ondoyé. Le Roi, dit un témoin, en eut beaucoup de chagrin,
 « mais bien plus la mère, qui, de désespoir, faillit à mourir aussi, voyant ses
 prétentions faillyes ». Mais elle ne perdit pas courage.
      Les épousailles qui devaient avoir lieu à Florence, le 15 juillet, fu-
rent retardées par un conflit avec le duc de Savoie. Charles-Emmanuel
 ne se pressait pas de tenir l'engagement pris à Paris (27 février 1600), de
restituer au roi de France le marquisat de Saluées, dont il s'était emparé
pendant les troubles de la Ligue, ou de lui céder en échange la Bresse, le
Bugey et le Valromey. Henri IV, irrité de son manque de parole et deses
intrigues avec les grands seigneurs mécontents, lui déclara la guerre. « Le
duc de Savoie, écrivait-il à sa fiancée, a fait le fin jusques à ceste heure,
mais je le presse de façon qu'il est au bout de son rôlet, et si dans
huit jours il ne me satisfait, la première lettre que vous recevrez de moi
sera datée de Chambéry ». Avec une galanterie toute militaire, il lui re-
commandait de soigner sa santé, « afin que à votre arrivée nous puissions
faire un bel enfant, qui fasse rire nos amis et pleurer nos ennemis ». Il ne
répondait pas à toutes ses lettres, et, comme elle s'en plaignait, il accen-
tuait en forme d'excuse les gaillardises : «S'il étoit bien séant de dire qu'on
est amoureux de sa femme, je vous dirois que je le suis extrêmement de
vous, mais j'aime mieux le vous témoigner en lieu où il n'y aura témoin
que vous et moi ».
      Enfin le grand Ecuyer, duc de Bellegarde, arriva à Florence le 23 sep-
tembre, porteur de la procuration qui autorisait le Grand Duc à épouser
sa nièce au nom du roi de France. Tous les Médicis, leurs parents et leurs
alliés étaient présents : D. Giovanni, oncle de Marie ; le duc et la du-
chesse deMantoue, sa sœur et son beau-frère; D. Antonio, son père bâ-
tard; son cousin, D. Virginio Ursino, duc de Bracciano, et la duchesse
douairière, une Médicis.