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marcher, et je cours à la maison-commune en prévenir le général qui y étoit
encore. Dans ce moment l'on nous apporte la cruelle nouvelle que le capi-
taine Robart, retiré du service pour ses infirmités, venoit d'être assommé et
qu'ils cherchoient tous ceux de la police et de l'agence militaire pour leur
faire subir le même sort. Des pierres même ont été lancées à la tête des
administrateurs sous les cris de Vive le général Montchoisy.
      « J'ai passé toute la nuit à la maison-commune près de Rencureau dont
on attendoit à chaque minute le dernier soupir l, et à six heures du matin je
me suis rendu à la caserne pour annoncer que les chirurgiens avoient quel-
que espoir de le sauver. Vers midi, je reçois un ordre verbal d'aller chez
Montchoisy ; ... là il me dit que pour ma sûreté et pour celle de la ville, je
dois la quitter et partir pour Chambéry ; que les brigands veulent attenter à
mes jours ; que ma tête est proscrite ainsi que celle de tous les agens subal-
ternes et ceux de la police ; il m'offrit même un lit chez lui afin que je ne
m'exposasse pas dans la rue ; et, sur ma réplique que je ne craignois pas la
mort et que je mourrois à mon poste, que je n'avois rien à me reprocher,
que j'avois fait mon devoir et que je le ferois encore si le gouvernement me
faisoit accepter pareille mission, il me répondit que la tranquillité de la
commune en dépendait et qu'en conséquence il m'enverroit le soir les
ordres pour aller à Chambéry, en m'offrant une escorte si je croyois en
avoir besoin et il me fit partir ».
      Ilénumère ensuite tous les services qu'il a rendus dans la Haute-Loire,
puis il poursuit :
      « A peine arrivé à Lyon, j'y suis chargé de l'agence militaire. Aussitôt
l'argent et les femmes sont offerts dans mon bureau, et mon incorruptibilité
ainsi que celle de mon collègue, nous attirent la proscription pour toute
récompense ; et le général Montchoisy, au lieu d'employer la force pour
faire arrêter les assassins et déserteurs, m'invite, moi, à me retirer de la
ville. Si le gouvernement n'y envoie de suite le général Elie ou un autre
patriote ferme, pour commander, Lyon est perdu pour la République, etc.».
      Cette dénonciation haineuse et mensongère d'Hagaert à l'égard d'un
chef qui venait de le protéger contre les violences possibles de la foule, fut

   i. Quelle exagération !

   Rev, Lyonn., IV, I                                                    7