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vons juger du genre d'existence menée il y a quinze siècles par ce Lyon-
nais célèbre. D'ailleurs, ce fastueux logis ne lui vient-il pas de son beau-
père, l'un des plus riches Gaulois de son époque, l'empereur Avitus ?
Son beau-frère Ecdicius, le dernier des héros défenseurs de la Gaule,
dont le nom devrait être aussi célèbre que celui de Vercingétorix, n'a-t-il
pas recueilli charitablement à ses frais 4.000 de ses compatriotes ruinés
par les invasions ? Sidonius tient le premier rang dans sa province et sa
maison ne doit rien laisser à désirer, au point de vue du confort, à ce qu'il
y a de mieux dans la Gaule. Nous aurions toutefois désiré qu'il nous parla
de sa bibliothèque, les livres étaient nombreux à cette époque dans la de-
meure des grands et surtout des lettrés, mais comme il cherche à attirer
chez lui un maître de littérature, celui qui enseigne aux jeunes gens de
Camêrino ce passage d'une comédie de Térence : « Ma mère était de
Samos », il évite sans doute de faire miroiter à ses yeux le nombre et la
rareté de ses manuscrits et préfère l'éblouir par la fraîcheur qui règne au
plus fort de l'été dans ce site enchanteur.
      Mais continuons à faire le tour du propriétaire sous la direction du
maître de la maison. Devant le portique une verte pelouse descend jus-
qu'au bord du lac et, à peu de distance, un bois ouvert à tout le monde.
Sous deux larges tilleuls, Sidoine joue quelquefois à la paume, son jeu
favori, avec Ecdicius, puis tous deux se délassent de cet exercice en jouant
aux dés.
      Voici maintenant quelques détails sur le lac. Une rivière le traverse
allant de l'Ouest à l'Est ; il est entouré de rochers d'où jaillissent des sour-
ces d'eau froide. «Lorsqu'un tourbillon s'élève du côté du Midi, les flots
s'enflent d'une façon prodigieuse et jetés avec fracas en dessus delà cime
des arbres qui bordent le rivage, l'eau retombe sur eux en forme de pluie».
      Le lac a 17 stades de long, soit environ 3.200 mètres, il s'écoule à sa
sortie par de petits couloirs souterrains qui ne permettent pas aux pois-
sons de s'échapper, de telle façon que « ceux ci repoussés dans une eau
plus tranquille y croissent promptement, et la blancheur de leur ventre
fait ressortir la rougeur de leur chair ; ainsi ne pouvant quitter le lac, ils
trouvent dans leur corpulence même une sorte de prison vivante et por-
tative »...