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naïf, qu'il avait perdu une cause juste, et entra comme volontaire au régi-
 ment d'Agenais. Il mit six ans à parvenir au grade de capitaine, six ans
 qu'il employa à se battre en Allemagne et en Italie, bon soldat, entraîneur
 d'hommes, d'une bravoure à toute épreuve, vrai cadet de Gascogne1.
Des champs de bataille d'Europe il passa bientôt à ceux des colonies
et mena, au Canada, campagne contre les Anglo-Américains. C'est lui
qui décida du succès remporté sur Braddock à la bataille de la Mononga-
héla ou de la Belle Rivière (Ohio) le 9 juillet 1755. Son chef, le capitaine
de Beaujeu, avait été mortellement frappé au début de l'action : miliciens
et Indiens, qui renforçaient les réguliers, commençaient à se débander
sous le feu. Dumas se jette au milieu d'eux, les harangue chaleureuse-
ment en leur expliquant « que le canon faisait plus de bruit que de mal et
que s'ils tiraient sur les canonniers les pièces seraient bientôt démontées ».
Puis il enlève tout son monde au cri de Vive le Roi, bouscule les Anglais
et les met en fuite après leur avoir enlevé drapeaux, artillerie et bagages.
Braddock alla mourir de ses blessures au Fort Nécessité2.
      Dumas fut fait chevalier de l'ordre royal de Saint-Louis l'année sui-
vante et demeura, dans la petite armée canadienne, l'homme des coups
de main audacieux. Nommé major et inspecteur des troupes de la colonie
par brevet du I er mai 17573, il participe, sous les ordres de Montcalm,
puis du chevalier de Lévis, à la défense héroïque et désespérée de la Nou-
velle-France. On continue à lui réserver les postes délicats et périlleux,
car ses chefs ont la plus entière confiance dans son zèle et son expérience..
Rentré en France après la capitulation de Montréal il est pourvu, le
27 mars 1761, d'une commission de colonel en récompense de ses services.
Le duc de Choiseul lui fait un accueil particulièrement flatteur, et, le
recevant au milieu d'un nombreux cercle, dit : « Messieurs, j'ai l'hon-
neur de vous présenter le vainqueur de Braddock »4.
     1. Eloge historique de M. Dumas-Ferrandou... lu à la première séance publique de la Société des Sciences
et Arts du département du Lot, séante à Montauban, le 13 septembre 1800..., par M. de France-La Gravière,
ancien capitaine d'infanterie (Copie de M. Dumas de Rauly). Etats de services de J.-D. Dumas (là.).
     2. Comte de Maurês-Malartic, Journal des Campagnes au Canada, in-8", Dijon, 1890, 16-18 ; Dus-
sieux, Le Canada sous la domination française, in-16, Paris, 1863, 3 e édit., 351-353 ; A. Chagny, François
Piquet, in-8°, Paris, 1913, 338-339.
     3. Brevet de major pour le S' Dumas, pièce originale sur parchemin, avec signature autographe de
Louis XV (Archives de la famille Dumas de Rauly).
     4. Eloge de M. Dumas-Ferrandou.