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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE 405 une minute plus de 2.000 pieds. C'est vraiment effrayant. Lorsque deux convois se rencontrent, de l'un on voit à peine passer l'autre, le cahot qui est très fort à celui de Lyon lorsqu'on arrive à la jointure des rails, est ici presque insensible; et pour faire ces cinq lieues si vite et si agréablement, on ne paie que 20 sous. Arrivés à Saint-Germain nous sommes entrés dans la forêt qui est très belle, nous nous sommes promenés pen- dant trois ou quatre heures dans de jolis petits chemins de mousse où nous étions seuls ; le bois est très touffu, et il en venait des bouffées de bonne odeur. Lundi soir, Hélas mon ami, voilà ce que c'est; j'ai été arrêté au beau milieu de mon récit, et je nJai pas pu reprendre jus- qu'à ce moment. Je vais veiller un peu à causer avec toi, et cela me fera plus de bien que si je dormais. Labruyère a dit que rien ne rafraîchit le sang comme d'avoir su éviter une sottise. Mais je dirais mieux, il n'y a rien qui rafraî- chisse le sang, comme de causer avec ceux que Ton aime. Donc, pour te finir mon histoire, nous nous sommes promenés très longtemps dans la forêt, très souvent nous nous arrêtions un moment sur la mousse des chênes, et alors nous cherchions des fraises que l'avidité des habitants rend malheureusement trop rares. Dans un chemin, nous vîmes passer très vite à une trentaine dé pas de nous, un petit chevreuil d'un brun presque rouge qui disparut aussitôt dans le taillis, en effet la forêt de Saint-Germain est une forêt royale, il y a du gibier en assez grande quan- tité, et souvent la famille royale vient y chasser. Après