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408                       HENRI H1GNARD

retenu des places; mes trois ou quatre élèves de cette
année commencent à être assez forts ( i ) .
   Adieu, mon ami, je t'embrasse de tout mon cœur, mais
j'ai un grand reproche à te faire. Moi, au moins, lorsque
je t'écris, je te parle de moi, de mes espérances, de mes
craintes, de mes plaisirs, de mes ennuis, comme un ami
doit parler à son ami. Toi, au contraire, tu ne me dis pas
un mot de toi ; je ne sais ni ce que tu fais, ni ce que tu
penses, ni même comment tu te portes; pourquoi me voler
ainsi ma part. Et cependant, Dieu m'est témoin que tu as
plus de temps que moi. Répare cet oubli, je te prie.
   Je te charge de bien réchauffer Bonnel, dis-lui de ne
pas se troubler, de ne pas craindre. L'année prochaine il
fera des chœurs avec nous, je lui souhaite le bonjour, du
courage, et un succès brillant, je voudrais bien qu'il me
dise si je pourrai le voir ces vacances. Je serais bien content
si notre société s'augmentait de Bonnel et de Sougeon,
d'abord parce qu'ils sont de bons et vertueux jeunes gens,
ensuite parce que nous sommes presque compatriotes.
    Adieu, mon ami, embrasse-moi, n'oublie pas de dire à
M. Deroziers que je me fais un bonheur de le revoir
 bientôt.
                                            Ton frère.




  (i) Initié à la méthode Galin-Paris par sou ami Lévèque, l'auteur
de la Science du Beau, Henri Hignard l'avait étudiée avec ardeur et
enseignée à un petit groupe de ses camarades, et bientôt ils chantaient
en chœur des morceaux classiques (E. Lapaire. Notice biographique sur
Henri Hignard).