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174 BERNARD SAI.OMON chacun sa proportion relative, son caractère et sa juste apparence. L'architecture y est figurée comme par la science et le crayon de Canaletti. Mais c'est dans les personnages, hommes, femmes et enfants, que, d'après le témoignage de bons juges, se montre le mérite per- sonnel de l'artiste. Les personnages sont certainement composés et dessinés avec une facilité et une grâce qui surprennent. Que peut-on dès lors reprocher à Bernard?... Aucun homme n'a fait de pareilles merveilles sur bois dans un espace aussi resserré. Si dans le caractère indi- viduel et les attitudes des figures, les personnages de Bernard sont inférieurs à ceux de Holbein, le premier montre plus d'invention dans la composition et plus de facilité dans l'exécution.;, ( i ) . » Bernard Salomon était merveilleusement doué pour les arts du dessin. Dessinateur au trait correct et sûr, compositeur instruit, inventeur fécond, à l'esprit vif et souple, metteur en scène habile, il avait le sentiment inné de l'élégance et de la grâce. Dans un temps où la décoration avait été déjà transformée sous l'influence de la Renaissance, de la Renaissance française, autant que de l'italienne, il avait su la renouveler encore à Lyon en y introduisant ces ornements d'un goût très fin, auxquels il a su donner un renouveau d'originalité et qui sont comme sa propre marqué. Il avait une rare entente des conditions qu'exigent le dessin et la gravure mis au service de la typographie, et personne ne l'a surpassé dans cette entreprise. Il faut le juger, au point (i) T. F. Dibdin, The bibliographical Decatneron, vol. I, 1817, p. 181 à 185.