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i88                       LA PLACE MOREL

mythologiques se détachaient sur la verdure des buis
taillés.
   Le quartier des Chartreux, dominé par la belle église et
le dôme de Saint-Bruno, était brusquement limité par la
grande muraille de la Croix-Rousse. Auprès de la porte
située dans le prolongement de la rue des Chartreux, le
champ de manœuvres qui sert principalement aux joueurs
de boules, était alors constamment couvert de soldats. A
propos de cette porte des Chartreux, on raconte une amu-
sante anecdote relative à la suppression des épaulettes à
graines d'épinards dans le costume des suisses d'église. Le
suisse de Saint-Bruno qui demeurait en dehors de la porte
de la ville, étant un jour rentré chez lui en uniforme, le
poste le prit pour un général et sortit en armes. Le maré-
chal de Castellane, furieux de cette méprise, exigea et
obtint de l'archevêque qu'on enlevât aux suisses leurs épau-
lettes. Elles furent remplacées par des torsades en forme de
trèfle.
   La création d'une place à l'intersection de la rue Tou-
rette, de la rue des Chartreux et de la côte des Carmélites
date de 1841. En face de la maison Morel, de l'autre côté
de la rue Tourette, s'étendait un vaste jardin, faisant partie
de cette propriété. Joseph Morel, avec un rare désintéresse-
ment, céda à la ville pour un prix modique (1), une


   (1) Le contrat de cette vente passé à l'Hôtel de Ville, par devant
M e Dugueyt, notaire, le 21 juin 1841, porte que ce terrain fut cédé à
la ville au prix de 11 fr. 34 le mètre carré. Dans de pareilles condi-
tions, cette cession était presque un don ; les historiens et annalistes
lyonnais l'ont compris ainsi. M. Josse, dans son étude sur les rues de
Lyon, s'exprime comme il suit : « Place Morel. — Nom du propriétaire
de terrains gracieusement cédés pour la création de la place. » {Supplé-
ment littéraire du Lyon-Républicain, 31 décembre 1891.)