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264 BERNARD SALOMON l'origine de ses dessins se montre à des traits parti- culiers. Le petit Bernard est un des artistes dont la manière a toujours été le mieux caractérisée ; c'est un de ceux qui ont toujours obtenu par des moyens plus ou moins heureux un même effet décoratif. Il a repro- duit avec une prédilection marquée certains types de figures, certains arrangements de draperies, certaines dispositions du feuillage des arbres et de l'ordonnance des paysages et des villes. Nous ne reviendrons pas sur la délicatesse des formes, sur la grâce des femmes, mais nous signalerons ces habitudes de la main, qui ont donné des visages allongés et maigres, des profils droits, des extrémités fines, des femmes à la coiffure relevée sur le sommet de la tête et qui ont souvent un voile en demi-cercle partant de la coiffure pour aboutir à la ceinture, des vêtements flottants, agités et légers. Bernard Salomon savait, quand il le fallait, contenir sa fantaisie. Il a gardé, par exemple, dans le Nouveau Testament, l'impression que la Passion d'Albert Durer lui avait laissée ; il a représenté, comme le maître Allemand, la figure du Christ avec les traits qu'il jugeait empreints de plus de noblesse : la taille haute, le visage calme et fier, la tête un peu allon- gée, le front élevé, les cheveux longs et séparés par le milieu, la barbe fourchue. Pour les vues et les paysages, l'entente du pittoresque est remarquable, et le relief est extraordinaire, grâce à une distribution savante des travaux et de la lumière. Le petit Bernard a été un fort habile metteur en scène ; dans un champ très étroit, il a fait entrer des premiers plans très char- gés, des horizons très étendus, des foules en mouve- ment et des actions très animées se produisant sans