Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
86              JOSEPH CHINARD, SCULPTEUR

fut placée dans une chapelle de la cathédrale de Belley, où
elle existe encore. Pendant la Révolution, elle fut mutilée.
Un amateur religieux en rassembla les débris et la fit res-
taurer. Elle est mentionnée dans le Manuel des cérémonies du
diocèse de Belley, page 54.
    Ces divers ouvrages le firent connaître dans le monde
des arts, lui firent des amis et des protecteurs, et attirèrent
sur lui l'attention des dépositaires de l'autorité.
    Il travaillait un jour au Vatican, dans le salon où est
exposé l'Apollon du Belvédère, lorsqu'il vit passer à côté de
lui un étranger qui lui parut être Français, et qui se mon-
tra fort indifférent à l'égard des chefs-d'oeuvre de la statuaire
antique. Ce personnage sortit bientôt de la salle, mais y
revint quelques instants après et demanda à Chinard où il
pourrait voir l'Apollon du Belvédère, celui-ci le lui montra.
Aussitôt le visiteur l'admira avec enthousiasme, et s'extasia
sur les mérites de cette oeuvre d'art. C'était le célèbre
 Dupaty, auteur des lettres sur l'Italie, qui ont obtenu un
grand succès à la fin du siècle dernier. On peut lire à la fin
de la 48e lettre ce qui suit :
     « C'est là cet Apollon du Belvédère, c'est là ce marbre fait
 Dieu par un de ces ciseaux créateurs, qui en choisissant,
 en combinant, en imitant la nature ont surpassé la nature!
 qu'il est beau, qu'il est imposant et touchant tout à la fois.
 Comme ce corps parfait se développe ! l'œil est forcé, en
  le parcourant, de suivre la ligne admirable qui le dessine.
 Il ne peut s'arrêter nulle part, et on est obligé de se ressou-
  venir que cet Apollon est de marbre, pour penser qu'il soit
 d'un homme.
     « C'est un bonheur que le temps ait respecté cette éton-
 nante combinaison des formes humaines les plus parfaites !
     « Sans cesse je viens le voir, je viens l'étudier sans cesse,