Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
366             LES AGENCES MATRIMONIALES
  En dépit du progrès des idées républicaines, l'article
« prince » est toujours bien coté : il manque probablement
sur la place et fait prime.
   Les offres d'époux sont plus modestes, en ce qui concerne
l'énumèration des capitaux, mais la vanité s'arrange tou-
jours pour y trouver son compte.
  Exemple :
   — Un jeune homme de 29 ans, 120,000 francs; espé-
rances : 200,000 francs, pratique la religion, très distingué,
relations excellentes, reçu dans la famille du duc d'Aumale.
   L'étalage des fortunes naît d'une ostentation peu noble
et certainement imprudente à une époque où dans certaines
couches sociales l'envie est passée à l'état endémique.
   La sincérité des chiffres avancés est d'ailleurs très discu-
table : j'imagine qu'il faut en rabattre et de beaucoup.
    Prenons — si vous le voulez bien — l'annonce suivante
cueillie, ces jours-ci, dans une feuille parisienne, très « high-
life » comme on dit.
   Jeune fille ravissante : dot 1,100,000 francs, petite
tache, alliance honorable.
   Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour supposer qu'en
l'espèce — comme on dit au palais — la tache a été consi-
dérablemenr rapetissée et la dot démesurément agrandie.
Mais comment diable arrivera-t-on à l'alliance « honora-
ble » promise par le prospectus ?
   L'offre évidemment n'a qu'un but: attirer lèchent auquel
on se fait fort d'enlever ensuite une bonne partie de ses
illusions pécuniaires.
    Avec un peu d'imagination, il est facile de reconstituer
la scène.