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402 HENRI HIGNARD très agréable, nous coûterait moins (en sus de nos dépenses ordinaires de la maison) que si nous allions trois fois au Grand-Théâtre, et certainement nous ne perdrions pas à l'échange. Si nos parents n'y ont pas de répugnance, c'est un petit voyage arrêté, mais je ne partirai qu'autant que tu viendrais avec moi. La grotte de la Balme est très célè- bre, tu le sais, et c'est une curiosité à connaître, d'ailleurs, nous irions très doucement, sans nous fatiguer, en flânant et en causant. Il n'y a rien qui laisse autant de souvenirs que ces petites excursions, qui valent bien mieux qu'un grand voyage en voiture. Si ce projet ne pouvait pas se réaliser, ce serait un malheur dont nous nous consolerions bientôt, au bout de deux heures nous n'y penserions pas, mais s'il n'y a pas d'opposition, il se fera. En attendant, je travaille ferme, il faut mériter le plaisir par le travail, si on veut bien jouir du plaisir. Dans huit jours nous allons commencer nos dernières compositions; c'est une semaine terrible, et bien importante, puisque ces compositions décident de ceux qui doivent être présentés à la licence. Ensuite nous aurons les examens, et ce n'est pas petite affaire. Il paraît décidé auprès de M. Cousin que l'année prochaine, je serai le professeur d'anglais de la seconde année, c'est-à -dire de l'année la plus forte. Me voilà donc sur le règlement, intitulé : professeur de langue et de littérature anglaise. Le mai, c'est que tout cela ne me rapporte pas un sou. Je commence aussi à lire passablement l'allemand. Mon cher ami, dis à mon père que j'ai reçu, il y a trois heures, ta lettre, j'ai aussitôt demandé la permission de sortir, et j'ai couru chez M. Raison ; il n'est pas plus mort que moi, et au contraire il va mieux et beaucoup