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              PEINTRE ET TAILLEUR D'HISTOIRES           261

des Quadrins historiques de la Bible et de la Métamor-
phose d'Ovide figurée. On ne retrouve pas, dans ces ta-
bleaux si resserrés et si remplis, l'ordonnance superbe
à laquelle Jean Cousin se plaisait, non plus que les
allures et les traits de ses personnages.
   Bernard Salomon avait assurément la pleine posses-
sion de lui-même. Il n'était pas sous l'autorité ou
sous l'influence des Italiens; il a jugé bon de cher-
cher ses types dans cet art décoratif auquel le Pri-
matrice avait imprimé ce caractère excessif pour lequel
François Ier s'était presque passionné. Il savait régler ce
faire personnel dans lequel on a vu l'effet du premier
enseignement et de la discipline de l'école. Avec une
verve comme la sienne, le maniérisme, la recherche,
l'extravagance même, le conduisaient à des effets sédui-
sants, et il ne s'en est pas fait faute. Il suivait avant
tout sa voie, la voie ouverte par Jean de Tournes et
par lui-même; il répondait par une ornementation nou-
velle à ces goûts nouveaux que la Renaissance, fran-
çaise ou italienne, peu importe, avait éveillés ; il sen-
tait ce qui devait apporter le succès, de là ses
hardiesses. Mais, nous l'avons déjà dit, il avait sa
manière personnelle dans l'esprit de l'école française,
et il savait imprimer à son style, autant que le
comportait son tempérament primesautier, plus de
simplicité et de fermeté.
    Pour nous, Bernard Salomon est une personnalité
artiste curieuse. N'oublions pas que nous le jugeons,
 non pas sur des ouvrages dont toute la valeur est
 dans l'art, nous le jugeons sur l'application de l'art à
 un objet déterminé et sur l'interprétation de son art.
 C'est un peintre, un dessinateur, qui s'est voué à la
   N» 4. — Octobre 1896                            18