page suivante »
PEINTRE ET TAILLEUR D'HISTOIRES 2)5 intempérant. On a avec Jean Cousin le sentiment de la grandeur, avec Salomon celui de la délicatesse. Ber- nard Salomon ne laisse vraiment voir par aucun côté qu'il soit sorti de l'atelier de Jean Cousin. Si l'on s'en tient au souvenir qu'on a gardé de l'ensemble de l'oeuvre, la première impression est que ce dessinateur si inventif procède directement de l'école de Fontainebleau ou de l'école italienne. Il s'est en effet inspiré en plus d'une occasion des exemples du Primatice et de quelques-uns des colla- borateurs du maître italien. Il était très familier avec les formes et les ornements si caractéristiques de cette école, et il a présenté souvent cette exagération de l'élégance, ce parti pris des lignes tourmentées et des mouvements outrés, cette recherche du pittoresque qu'il a empruntés au Primatice. Cette hardiesse dans le dessin, cette afféterie tout italienne, cette incorrec- tion assez souvent voulue, cela n'a pas été cependant pour lui une règle absolue et constante. Bernard Salomon n'a pas été toujours aussi italien qu'il le paraît, et il l'a été le moins dans les pre- mières années où il tenait le crayon. Il avait l'esprit très souple et très alerte ; il est possible que, en plein accord avec Jean de Tournes, il ait sacrifié à ce que, de nos jours, on appellerait la mode et ait cédé aux entraînements auxquels la Cour obéissait, comme la ville. A Lyon, on était singulièrement porté à intro- duire ces raffinements dans les choses de l'art. Des formes et des fonds italiens se montrent, comme les longues statures, dans les ouvrages de Jean de Gour- montj de Georges Reverdy et de Pierre Woeiriot. Reverdy serait, d'après Du Verdier, « celui qui a