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92 JOSEPH CHINARD, SCULPTEUR emblèmes injurieux pour la religion et le dénonça. Il fut arrêté par des sbires dans la nuit du 22 au 23 septem- bre 1792, ainsi qu'un de ses amis, Rater, jeune architecte lyonnais, et ils furent enfermés au château Saint-Ange. Leurs camarades et les professeurs de l'Académie française habitués à les voir chaque jour, furent d'abord étonnés de leur absence et devinrent bientôt inquiets, ne sachant c e qu'ils étaient devenus. Un jeune sculpteur français, nommé Blandin,passantunjour'devant le château Saint-Ange s'enten- dit appeler : «Blandin ? Blandin ?»Uregardadetouslescôtés et ne voyant personne, il continua son chemin. Pendant qu'il s'éloignait, il entendit la même voie qui l'appelait : « Blandin ! Blandin ! C'est moi Chinard ; je suis en prison. » Blandin lève la tête et aperçoit son ami derrière la grille en fer d'une fenêtre du château Saint-Ange. Surpris de ce fait dont il ne pouvait avoir l'explication, il s'empressa d'aller à l'Académie de France pour le faire connaître. Celte Académie, fondée à Rome le 11 février 1666, avait pour directeur depuis 1787 Ménageot. Elle était ins- tallée depuis 1722 au palais Mancini, et les Français parti- sans de la Révolution s'y réunissaient chaque jour, tandis que le palais du cardinal de Bernis, ancien palais de l'am- bassade de France, que Mesdames tantes du roi habitaient depuis 1791, était le rendez-vous des Français émigrés. Les artistes français venus à Rome pour étudier les beaux-arts se réunissaient chaque jour au palais Mancini. En 1792, ils étaient une centaine, parmi lesquels Chinard et Rater. Le directeur s'empressa de faire des démarches en faveur des deux artistes lyonnais, mais elles furent sans succès. Depuis le T6 mars 1791, jour où le cardinal de Bernis, ambassadeur de France, avait remis au Pape ses lettres de rappel, il n'y avait à Rome pour représenter la Cour de