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UNE PROMENADE EN DAUPHINÉ 37 engageons dans le chemin montueuxqui, par le hameau de Clermont, conduit à Chirens. Un peu avant d'atteindre le haut de la montée, nous tournons à droite et nous dirigeons sur le mamelon qui porte les ruines par un sentier qui vient expirer à la lisière du bois. Je ressens encore l'impression saisissante qui me gagna lorsque, parvenu sur le sommet broussailleux de la colline, je considérai ces vestiges matériels de l'époque féodale. Un flot de pensées se pressait dans mon esprit. Sans effort, mon imagination se retraçait la forteresse puissante qui jadis couronnait ce plateau aujourd'hui désolé. Avec ses chevaliers bardés de fer et ses hommes d'armes, elle m'apparaissait, hautaine et fière, comme la dominatrice du pays, mais aussi comme le refuge protecteur ouvert aux jours de péril, aux humbles manants qui vivaient alentour. De tout cela, il ne reste guère que d'informes débris, faibles vestiges des trois enceintes du château. Seul le don- jon, mieux conservé, a gardé quelque chose de l'allure majestueuse des anciens temps. De très loin on aperçoit cette tour dressant la haute silhouette de ses cinq faces sur ce monticule désert où elle subsiste comme le dernier témoin de splendeurs depuis longtemps évanouies. La démolition de ce château fort est due à l'édit de Riche- lieu prescrivant la suppression de toutes les constructions de ce genre qui n'étaient plus nécessaires à la défense du pays. Un trait rapide, maintenant, sur les hôtes de cette demeure seigneuriale. C'est d'ici qu'est sortie la famille de Clermont, l'une des plus anciennes et des plus illustres du Dauphiné. Les Clermont étaient qualifiés premiers barons des •«»,