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28              UNE PROMENADE EN DAUPHINE

pleine d'ombre et de fraîcheur. Point de ces grandes voies
de transport et de communication : railways avec le va et
vient de trains assourdissants, les sifflements stridents et
l'affreuse fumée des locomotives ou routes poudreuses pleines
d'animation, toutes choses qui peuvent être la résultante
inévitable du prodigieux accroissement du commerce et de
l'industrie moderne, mais qui n'en demeurent pas moins,
quoi qu'on en dise, les éternels ennemis du pittoresque et
de tout ce qui fait le charme et la poésie de nos belles
 campagnes. C'est encore la nature vraie qui se retrouve
ici, dans l'entier épanouissement des avantages chers à
tout citadin désireux de se reposer agréablement du souci
des affaires ou de l'agitation bruyante de la ville.
   Cette situation d'isolement n'est pas davantage restée
sans influence sur les habitants du pays. Les mœurs fami-
liales sont encore en honneur parmi eux ; en honneur aussi
cette coutume si pleine de franche cordialité, générale
autrefois, mais qui tend malheureusement à disparaître, de
saluer avec empressement l'étranger rencontré sur le
chemin.
   Inutile d'ajouter que les sentiments religieux sont demeu-
rés aux Terres-Froides plus vivaces qu'en maintes localités
environnantes.
   Le dimanche, un peu avant l'heure de la messe, vous
voyez, débouchant sur la place par toutes les voies, des
groupes qui bientôt forment une foule compacte. Hommes
et femmes devisent de l'état des récoltes ou de l'événement
qui, grave ou badin, fait le sujet du jour. Puis à l'instant
précis où, dernier signal, les trois coups traditionnels tintent
au clocher, tout ce monde s'avance pêle-mêle dans l'église.
   Ne croyez pas cependant que, pour être sincères, ces
démonstrations de la piété s'inspirent ici plus qu'ailleurs des