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                UNE PROMENADE EN DAUPHINE                    29

principes sévères d'un étroit rigorisme. Tout au contraire,
certains fidèles ne craignent point de mêler parfois le pro-
fane au sacré et savent, au besoin, concilier les exigences
du culte avec les pratiques plus accommodantes de ce monde.
Tels ces groupes d'hommes restés dehors, s'entretenant
sous la feuillée. Dès que la sonnette de l'enfant de chœur
les avertit du moment de l'Elévation, ils courent s'age-
nouiller respectueusement sous le porche, pour reprendre
ensuite leur conversation interrompue.
   Je me souviens, à ce propos, d'avoir été témoin dans
une de ces églises d'un singulier spectacle. Les derniers
bancs, au bas de la nef, étant établis en un sens opposé à
tous les autres, ceux qui les occupaient se trouvaient, du
fait de cette étonnante disposition, de tourner le dos à
l'autel et de regarder l'extérieur par la porte entr'ouverte.
Aussi l'attention de ces braves gens se portait-elle d'elle-
même aux allées et venues des passants sur la place bien
plutôt qu'à la célébration de l'office auquel ils étaient censés
assister. On se retournait, il est vrai, du côté du prêtre aux
instants solennels annoncés par la clochette du servant,
mais pour reprendre bien vite la position première plus pro-
pice aux agréments d'une distraction variée.
   N'incriminons pas davantage leur tenue plus que négligée
dans le lieu saint. Le paysan se permet, à cet égard, des
licences que nous autres, gens de la ville, estimerions à
bon droit malséantes. Accroupi plutôt qu'assis, en une pos-
ture invraisemblable, il dort ou il jase avec son voisin ;
parfois il va jusqu'à souligner d'un murmure désappro-
bateur les vérités un peu crues dont le curé croit devoir
émailler son prône. Volontiers se plaint-il de la longueur
des sermons et de la fréquence des quêtes.
  Supprimée à une époque très reculée, la paroisse du Pin