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UNE PROMENADE EN DAUPHINÉ 27 formité quelque peu monotone éveille dans l'âme un senti- ment de mélancolie qui n'est pas sans charme. - Nous voici parvenus au point culminant, et l'autre côté du tableau se découvre. En face, les montagnes de la Char- treuse et de la Savoie profilent leurs cimes élevées, décor grandiose d'une région accidentée et riche en belles pers- pectives. Le lac de Paladru étendant au pied des hauts coteaux boisés qui s'y mirent la nappe unie de ses eaux limpides, collines et vallons aux pentes verdoyantes s'entre- coupant en un pittoresque désordre, et enfin, dominant la contrée, la tour des Clermont-Tonnerre qui, reine décou- ronnée, se dresse encore dans la fierté de son antique puis- sance, sont autant de motifs saillants d'un point de vue bien fait pour récompenser le touriste des fatigues de la route. Une descente plus longue mais moins pénible que n'avait été la montée sur l'autre versant, nous amène au centre du gros village de Saint-Christophe-du-Pin. Nous sommes ici en pleines Terres-Froides, dénomina- tion bien justifiée par la précocité et la durée exceptionnel- lement longue des hivers dans cette région. Les bois, nom- breux encore malgré des défrichements répétés,et l'abondance des eaux dont le lac de Paladru est le commun réceptacle, contribuent à y entretenir une température imprégnée d'une humidité génératrice de fréquents brouillards. Ces conditions climatériques expliquent que la mauvaise saison se fasse sentir là de bonne heure, avec des accumulations de neiges exceptionnelles et la persistance d'un froid parti- culièrement rigoureux. En revanche, la situation de ce pays éloigné de tout bruit, comme aussi la richesse de sa végétation arbores- cente, lui procurent aux jours chauds des agréments pré- cieux pour qui aime la douce tranquillité d'une villégiature