page suivante »
388 M. PAUL DESJARDINS Ici, nous touchons à une des causes de ce mouvement, dont il n'est désormais plus permis de douter. Des esprits larges, généreux et vraiment libéraux, ont éprouvé le besoin de réagir contre l'influence néfaste des hommes du xvme siècle, cet athéisme officiel, cette oppres- sion des consciences au nom de la liberté. Mais nous n'aimons pas à descendre sur le terrain brûlant de la poli- tique. Cette réaction de la pensée libérale et spiritualiste nous sera suffisamment expliquée par les tendances d'une partie de nos philosophes contemporains. Il est une philo- sophie qui a la prétention vraiment singulière de faire rentrer dans l'ombre tout ce qui l'a précédée. Les noms qu'elle se donne, de philosophie scientifique, de psychologie nou- velle, feraient croire vraiment à l'inauguration d'une mé- thode absolument inconnue et à des découvertes inespérées. Pour elle, la psychologie et la physiologie se confondent et sa théorie de la volonté aboutit à un déterminisme aveugle. « Le curieux, disait déjà Victor Hugo, dans les Misérables, ce sont les airs hautains, supérieurs et compatissants que prend vis à vis de la philosophie qui veut Dieu, cette philosophie à tâtons. On croit entendre une taupe s'écrier : Ils me font pitié avec leur soleil ! » M. Jules Simon, dans une étude sur M. Caro (2), s'étonne de la faveur dont jouissent auprès des philosophes de notre temps les Schopenhauer, les Darwin, les Bùchner, et il ajoute : « De la vieille philosophie de Descartes, qui a fait la forte génération du xvne siècle et avec laquelle on avait refait l'âme de la France dans la première moitié du xix e siècle, il n'est même plus question. Aux doctrines (2) Supplément du Temps, 7 septembre 1890.