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                     ET LES BÉNÉDICTINS                      227

comme Alpage que j'ai vu entièrement ruiné, qui était un
monastère de Cluny, comme est encore Resgny dans
l'évêché de Mâcon où il n'y a plus de religieux.
   « A ce propos il faut que je vous en fasse rire. Comme il
y a eu un procès entre le diocèse de Mâcon et ledit prieur
de Resgny, touchant les décimes, ce dernier ayant exposé
qu'il avait beaucoup de religieux à nourrir, il fut dit par
arrêt qu'il y serait fait visite par le grand prieur de Cluny ou
tout autre qu'il voudrait y députer, il y députa un vieux
sacristain sourd et qui n'y voyait goutte ; quand il dût arri-
ver le prieur avait fait faire dix-huit habits pour ses grangers
et leurs valets, qu'ilfitrevêtir et leur apprit à faire des révé-
rences, quand ce commissaire viendrait. Lequel en compta
dix-huit à table qui avaient tous bon appétit; mais il n'en
vit aucun psalmodier au chœur ou bien à genoux faisant
semblant de faire la méditation. Voilà comme il eut gain de
cause. Je ne sais s'il pourra si bien tromper Dieu qui n'est
ni sourd, ni aveugle.
   « Laissons cette bagatelle et parlons sérieusement. Je
m'enquérerai encore plus ce que a pu avoir été que Saxia-
cus; j'irai pour ce sujet aux Chartreux au premier jour et
je ferai mon possible pour vous envoyer d'autres mémoires.
Si j'avais trouvé un copiste propre, je l'aurais déjà fait,
d'autant que j'ai beaucoup d'affaires qui m'appellent ailleurs.
Néanmoins je tâcherai de vous donner satisfaction; pourvu
que Mme Saureux fasse de son côté ce qu'elle pourra pour
le paiement du copiste, elle ne manquera pas de copies et de
belles pièces curieuses qui n'ont jamais vu le jour. Je suis

      « Monsieur et Révérend Père
          « votre très humble et très obéissant serviteur,
                                          « LOUVET. »