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EN PORTUGAL 445 La Cour habite le laid et lointain palais d'Ajuda. Le roi Louis était fort populaire, tout en menant une existence très simple, très fermée; peu ou pas de réceptions, beau- coup de littérature et de musique (il jouait de huit instru- ments), ses traductions de Shakespeare sont admirables, dit-on, son talent d'instrumentiste était plus discuté : Votre Majesté joue royalement, lui répondit un violoniste célèbre et courtisan, devant lequel le roi avait exécuté une de ses compositions. Don Luis, qui avait vu disparaître assez rapi- dement cinq (5) de ses frères et sœurs, était très frappé de sa santé chancelante, aussi se soignait-il beaucoup, redou- tant fatigue, émotions, réceptions, la Cour, malgré la reine et la présence du jeune ménage héréditaire, était triste, solitaire, oubliée. La reine Maria-Pia de Savoie, amenée à quinze ans à Lisbonne, n'a jamais pu s'habituer au Portugal, à la vie monotone d'Ajuda; son caractère, ses goûts, ses habitudes étaient différents de ceux du roi; mariée politiquement, elle a vécu gravement; l'éducation, l'instruction de ses deux fils d'abord, la direction énergique des œuvres charitables ensuite. Pour tromper ses regrets, la reine s'est toujours beaucoup occupée de la grande question toilette, espérant, (5) La reine Maria II (1819-53) avait eu sept enfants de son mariage avec le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg (1816-85). i° Don Pedro V, roi de Portugal, 1853-61 ; 2° Don Luis I, roi de Portugal, 1861-89; 3° Don Joao, duc de Beja, 1861 ; 4° Dona Maria-Ana, duchesse de Saxe, 1884; 5° Dona Antonia, princesse de Hohenzollern, seule survivante ; 6» Don Fernando, duc de Viseu, 1861 ; 7° Don Augusto, duc de Coimbra, 1889.