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r 16 UN CONFRÈRE DE MASSILLON recherchées; le fond de préciosité du début ' du règne n'avait pas entièrement disparu. Bossuet portait dans ses jugements une autre indépen- dance et une autre autorité; il entendit notre prédicateur et son appréciation, que l'abbé Le Dieu nous a conservée, confirme nos propres sentiment. . « Le mercredi 8, fête de la Conception, notre prélat a ouï le sermon du P. Maure, de l'Oratoire, et il a loué la pureté du style, la netteté, les tours insinuants et pleins d'esprit, mais il y a trouvé ni sublimité ni force; il le tient même au-dessous de son confrère le P. Massillon. « Le roi a dit mille biens en public de son prédica- teur (19). » Les restrictions apportées à cet éloge, et que la plume du chanoine secrétaire a peut-être amplifiées, ne sont pas nou- velles ni faites pour étonner; l'évêque de Meaux les avait déjà formulées à propos de Massillon; elles tiennent à l'opi- nion qu'il s'était formé du sermon et à la méthode qu'il avait adoptée ; il se plaignait que le nouveau genre de pré- dication abandonnât trop l'exposition des mystères pour s'attacher aux peintures morales ; les orateurs démontraient moins et exhortaient davantage; c'était un signe des temps, et Bourdaloue, pour rappeler un mot de La Bruyère, faisait alors bien plus de mauvais copistes que Bossuet n'avait sus- cité d'injustes censeurs; du reste, les assemblées se mon- treront d'ordinaire plus sensibles à ce qui touche la cons- cience, le devoir, le train de la vie, qu'à l'enseignement d'un dogme accepté d'avance par leur foi sincère et docile; (19) Journal de VabM Le Dieu, t. II, p. 165. D'autres avant nous ont remarqué que Bossuet se montrait facilement sévère pour les débutants; Bourdaloue accordait plus d'indulgente sympathie.