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68 CAUSERIE D'UN BIBLIOPHILE ce sont les livres aux armes de personnages célèbres. On ne s'inquiète pas de ce qu'il y a dans le volume ; pourvu que la reliure soit belle et intacte, c'est tout ce que l'on demande. Tel livre, qui magnifiquement relié par Duru, Lortic, Thibaron, Cape, ou même en reliure ancienne, vaut 400 francs, se vend, s'il porte les armes de Longe- pierre, de Mme de ChamilLard (provenances recherchées), d'un roi, d'une princesse ou d'une courtisane, se vend, disons-nous, 4,000 francs sans difficulté. Le livre, dans ce cas, n'est plus considéré comme un livre, mais comme un bibelot qu'on dépose dans une vitrine, se gardant bien d'y toucher. Les bibliophiles, let- trés et instruits, se font de plus en plus rares, et cèdent la place aux bibelottiers, qui collectionnent les livres de pro- venance comme ils collectionneraient des petits sabots de faïence, des tabatières ou des épingles romaines, dites fibules. Voici quelques volumes de la vente La Carelle, qui ne doivent leurs prix élevés qu'à leurs reliures : N° 58, La Journée du Chrétien. Paris, 1754, aux armes de Mme de Pompadour, 2,020 francs, Nj 75, Montaigne, Amst., Michiels, 1659, 3 vol., exemplaire de Longepierre, avec ses insignes, 5,150 francs. (En belle condition, cette édition se vend de 500 à 800 francs.) N° 86, La Description de l'isle d'Vlopie..., par Thomas Morus. Paris, L'Angelier, 1550, au chiffre de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, 9,100 francs. N° 109, Joachimi Perionii à ialogorum--- Paris, 1554, aux armes de Henri II et deDiane.de Poitiers, 7,710 francs. N° 175, Marot, La Haye, Moetjens, 1700, 2 vol. reliure de Padeloup, mar. rouge, doublé de mar. olive, 4,000 francs. (Cette édition se cote, en bel état, environ 400 francs.) N° 181, Recueil des œuvres de feu Bonaventure des Périers. Lyon, Jean