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                       LES AQUEDUCS                        183

indiquent que l'aqueduc des bords du Rhône est l'œuvre
d'un architecte gaulois romanisé ; on sent dans la compo-
sition architectonique de ces lucarnes, un avant-goût du
style gothique, et comme une intention raisonnée de ne pas
se soumettre aux règles suivies par les romains dans la cons-
truction de leurs aqueducs officiels.
   Cette espèce de rébellion contre les règles en usage, se
constate d'une façon indéniable dans ce fait, que le cons-
tructeur n'a pas voulu employer l'application d'un enduit
sur les parements des piédroits, à l'intérieur des galeries,
ainsi que cela se pratiquait alors et s'est toujours pratiqué
depuis. Il a procuré l'étanchéité, à ses deux voies hydrau-
liques, au moyen d'un béton composé de mortier de sable
fin, de petit gravier et d'un peu de tuileau pulvérisé ; ce
béton est tassé dans l'espace qui existe entre les moellons
qui forment les parements des piédroits.

  Aussi M. Dusert nous disait-il d'un ton demi sérieux :
« Voyez-vous, cet aqueduc a été fait par un ingénieur en
« révolte contre ses collègues, c'était un anarchiste en
« construction. »
  L'ingénieur, en effet, paraît avoir dédaigné les moyens
simples et recherché les moyens compliqués ; tous les
hommes du métier sont d'avis qu'il a fallu une surveillance
exceptionnelle, soutenue, et de tous les instants, pour
empêcher la malfaçon dans l'emploi du béton et la pose
des moellons.
   A 380 mètres environ, aval de la borne kilométrique
n° 13 du service de la navigation, le Rhône a renversé et
ruiné le système ; il ne reste que le piédroit de la galerie de
droite supportant un tiers de voûte, les moellons en parement
de ce piédroit ont été emportés, mais le béton qui formait