Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         NOS VOISINS                       307

descendant direct des anciens Ségusiaves dont les tribus
couvraient, de la Loire au Rhône, les deux versants des
monts lyonnais.
   On peut dire que les Foréziens — même ceux de la
plaine — ont, par essence, le tempérament montagnard :
enjoués, tout en se prenant de soudaines mélancolies;
dociles, quoique se donnant ombrage pour la moindre des
choses ; durs à la tâché et soigneux des plus petits gains.
   La surface du sol leur refusant les dons qu'elle prodigue
ailleurs, ils sont allés chercher les fruits que la terre cache
au fond de ses entrailles. L'extraction de la houille a donné
naissance à l'industrie du verre et du fer sous toutes ses
formes ; puis, le tissage des rubans et des cotonnades a
semé de précieux salaires dans la contrée.
   Pourtant, le travailleur forézien ne se distingue guère par
ses qualités d'initiative. Quoique avisé, par nature il est
passif, et ce n'est pas dans les diverses industries exercées
par lui qu'il trouverait à faire son éducation. Le mineur,
en particulier, est adonné à une besogne dont la direction
lui échappe; l'isolement et l'obscurité enserrent son intel-
ligence aussi bien que son corps ; la prévoyance même de
la compagnie qui l'emploie, se substitue à la sienne pro-
pre et ne lui laisse pas seulement le soin de pourvoir aux
jours mauvais de la maladie et de la vieillesse.
  Comme toutes les natures passives, le Forézien se
montre partout stoïque : au fond de la mine ou sur le
champ de bataille, il tombe sans marchander, et, s'il
échappe au danger, c'est pour s'y exposer le lendemain,
comme si de rien n'était.