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AU COLLÈGE DE MONTBRISON 117 notre propre cœur, si familier qu'il nous soit devenu, ne cesse pas d'être ce qui nous intéresse le plus; nous sommes toujours prêts à l'explorer à nouveau, en compagnie d'un guide expérimenté et bienveillant. Pour être complet et épuiser les témoignages contempo- rains, nous rappellerons aussi une plainte de Faydit; ancien oratorien, ancien professeur à l'Académie de Notre-Dame- de-Grâces, ce critique avait dû quitter l'Institut, après avoir remis à l'impression certaines thèses sur la philosophie car- tésienne, contre le gré de ses supérieurs ; esprit original, mais assez mal équilibré, plus caustique que sérieux et dont la science l'emportait sur le jugement, il trouva le moyen d'être en guerre avec tout le monde par son érudition agres- sive, et critiqua les auteurs de son siècle avec des remarques sur Virgile et sur Homère. Engagé dans de retentissants débats avec Malebranche, à propos de métaphysique, il reproche assez vivement au P. Maure et à l'évêque de Senez d'attaquer ses livres en chaire et de prendre parti contre lui dans des questions où la théologie est étrangère. Ses récriminations étaient-elles fondées ? Il nous est impos- sible d'en décider faute de preuves, mais nous constatons au moins que Faydit appréciait l'éloquence de son ancien confrère ; il lui faisait honneur en le rapprochant de Soaner, qu'on avait appelé un des quatre évangélistes de la Congré- gation (20). La fortune du P, J. Maure ne paraissait donc plus desti- née qu'à s'accroître en suivant son cours naturel; l'apôtre se réjouissait moins de la gloire dont il avait modestement accepté les premières et douces avances, que de l'autorité (20) Faydit. Remarques sur Virgile.