page suivante »
108 UN CONFRÈRE DK MASSILLON rable concurrent, Massillon ; ils se retrouvent sous le toit de Saint-Honoré pour y vivre, l'un, jusqu'à son élévation à l'épiscopat; i'autre, jusqu'à la mort; leur nom et leur gloire associés à cette occasion resteront désormais indissoluble- ment unis. Le talent et l'art du futur évêque de Clermont le placent du premier coup, comme s'exprime avec quelque emphase un critique du temps, au-dessus de tous les hommes élo- quents; mais la louange qu'il s'attire n'est point un écueil pour la réputation de son prédécesseur. L'un et l'autre sont invités à la Cour. Massillon, pour l'Avent de 1699; Maure, pour le suivant; le premier met fin à la prédication du xvn e siècle; le second ouvre le xvm e , si différent; mais tous les deux parlent encore la langue de la bonne époque et de la vraie morale évangélique. La destinée les enchaîne de plus en plus; on les compare pour les juger ; en les louant on s'applique à mettre en relief leurs qualités communes ; des parallèles chers aux beaux esprits d'alors commencent à circuler et leurs auteurs éprouvent de la difficulté à se décider entre les deux; ils s'appliquent à tenir la balance à peu près en équilibre. « Nous avons en leur personne, dit l'un d'entre eux, de quoi nous consoler de la perte de ceux que la politique et l'autorité nous enlèvent. « Leur destin sera différent : le premier a la vogue, parmi les dames ; le second est du goût de tout le monde. Celui-là sert de modèle à ceux qui aspirent à la chaire ; celui-ci est le modèle même de ceux qui excellent. En un mot, l'un peut être égalé; l'autre sera toujours inimitable (14). » (14) Le Thèophraste moderne, de Brillon. Seconde édition, 1701. Cf.