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AU COLLÈGE DE MONTBR1SON 107 les agréments d'une solidité charmante, une affluence croissante qui dépassa les plus avantageuses prévisions. Mme de Sévigné n'était plus pour recueillir de sa plume alerte les bruits flatteurs et traduire dans une saillie familière et spirituelle le plaisir qu'elle eût éprouvé, comme jadis, quand elle se rendait en Bourdaloue. Mais les carrosses arri- vaient en foule ; les rues avoisinantes étaient encombrées, et les cochers qui conduisaient leurs maîtres à l'Opéra mau- gréaient et juraient contre leurs camarades, qui barraient toutes les issues. L'admiration des lettrés est conquise, les dévots sont gagnés, la critique retient ses murmures; la faveur est générale. L'avenir consacrera-t-il d'aussi prompts succès en leur ajoutant encore ? Le P. Maure trouvera-t-il dans une autre assistance plus mêlée une aussi bienveillante opinion ? Sera- t-il définitivement rangé parmi les plus brillants et les plus courus des orateurs religieux? La première place que la retraite de Bourdaloue vieillissant laisse vacante lui appar- tiendra-t-elle ? Les plus sages ne se prononcent qu'avec réserve ; ils attendent, pour formuler leur appréciation définitive, le successeur du prédicateur de l'Avent, celui qui est chargé de la station du Carême, débutant aussi et du même âge. On dit, en effet, beaucoup de bien de cet ancien direc- teur de Saint-Magloire ; les élèves de ce Séminaire ne tarissent pas d'éloges sur les conférences qu'ils ont enten- dues ; des villes de province, Vienne, Lyon, Montpellier, ont seules jusqu'ici goûté sa parole; il s'était longtemps dérobé au périlleux honneur de l'action publique. On devine sans peine quel est cet oratorien; c'est le compatriote provençal de notre P. Maure, c'est son ancien confrère du collège de Montbrison, son ami, son insépa-