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AU COLLÈGE DE MONTBRISON 99 ininterrompues, des infirmités continuelles ne lui permirent pas de s'y maintenir assez longtemps pour y demeurer, même après sa mort, en compagnie de ceux auxquels on l'avait comparé de son vivant. Quand le fruit se détache trop tôt de la branche qui le présentait aux rayons du soleil, il manque à sa saveur ce je ne sais quoi de parfait et d'inaltérable, produit d'une ma- turité lentement et régulièrement conduite. L'histoire du P. Maure nous introduira dans le secret de ses succès; elle nous révélera en même temps ce qu'ils eurent de trop éphémère; nous le rencontrerons associé à son illustre émule, le futur évêque de Clermont, le membre de l'Académie française, partageant avec lui l'attention de la cour et les suffrages des auditoires les plus délicats de Paris ; mais il cessera trop tôt de remonter à sa suite dans la chaire qu'ils avaient tant de fois occupée, et il ne lui res- tera plus désormais uni que par le plus étroit et le plus durable attachement. Jean-Joseph Maure, ainsi que Massillon, étaient de Pro- vence ; ils naquirent à quelques jours et à quelques lieues de distance; en 1663, celui-ci, à Hyères, sur les rives de la Méditerranée; celui-là , sur les bords du Rhône, dans la vieille cité d'Arles, tout près des ruines de son amphithéâtre, fils de Jean Maure, que ses concitoyens appelèrent à la charge de consul en l'année 1676, et de Lucrèce Arnaude. Il étudia dans sa ville natale, où l'Oratoire possédait un col- lège florissant et sa famille une situation recommandable dans la bourgeoisie (2). Reçu parmi les disciples du cardinal de Bérulle, le 28 sep- tembre 1680, il put y être conduit, il y fut certainement (2) Adry. Bibliothèque nationale. Manusc, t. IV, 25684, pag. 5 jet seq.