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BIBLIOGRAPHIE 8l L'étude des grandes épidémies, qui ont ravagé l'Europe au Moyen Age, ne présente pas seulement un intérêt de curiosité ; elle nous apprend quel était le sort lamentable des nations avant l'établissement des mesures sanitaires et des règles de police internationale, qui font la gloire de notre époque. Elle nous permet de contempler, dans leur hideuse réalité, ces fléaux terribles aujourd'hui vaincus, mais qui réap- paraîtraient, sans aucun doute, si les gouvernements se relâchaient de leur sollicitude à en prévenir le retour. Lorsque la grande peste de 1348, connue sous le nom de peste noire, fit son apparition en France, elle y causa presque aussitôt de tels ravages, que le roi Philippe VI de Valois s'adressa à la Faculté de Médecine de Paris, pour lui demander son avis sur les mesures à prendre pour en combattre l'extension. A cet effet, la docte compagnie rédigea une con- sultation fort curieuse, qui nous était parvenue en partie, et dont M. le docteur Michon nous a donné le texte avec commentaires. Ce travail intéressant fut accueilli très favorablement, car, pour la première fois, les documents originaux relatifs à la peste noire étaient étudiés par un médecin, et certes un tel sujet le méritait bien. Cependant, depuis plus d'un siècle, la Bibliothèque de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, possédait un manuscrit relatif aux mêmes événements, que M. Georges Guigue vient de retirer de l'oubli. Il s'agit d'un de ces poèmes didactiques comme on les aimait au XVe siècle, dans lequel un auteur inconnu, O. de La Haye, breton d'origine, et simple jderc de la Faculté de Paris, expose en vers de huit pieds tout ce qu'on savait de son temps sur la nature et le traitement de la peste (1). Parmi les documents des contemporains qu'il met à contribution, nous citerons d'abord la consultation de la Faculté, dont il donne la traduction libre et qu'il complète, et un petit poème de Simon de Covino ou de Covins, intitulé le Convy des Dieux, que M. Littré a (1) Ce précieux manuscrit faisait partie de la collection qu'avait rassemblée le lyonnais, Pierre Sala, dans sa résidence de l'Antiquaille (voir sur ce personnage, le Livre d'amitié dédié à Jean de Paris, par Vescuyer Pierre Sala, publié par G. Guigue, chez Georg, l83