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76                     CHARLES MOREL

l'oeuvre du quatorzième siècle. Claux Sluter, génie mâle et
un peu fruste, disparaît au début du quinzième siècle ; mais
ses disciples lui survivent et leur ciseau ne le cédera pas à
celui du maître. Ils auront le secret d'une souplesse que
Sluter, flamand robuste et volontiers réaliste, paraît avoir
dédaignée.
   Bref, au point de vue de l'exécution, l'école de Dijon, au
début du quinzième siècle, est en progrès. Elle atteindra son
apogée vers 145c, et trente ans plus tard on constatera son
déclin. Dire que Jacques Morel est un Bourguignon de
doctrine, ou, en d'autres termes, un artiste imprégné de
l'esprit flamand, à une époque où cet esprit gouverne, où
sa prépondérance est partout sensible, c'est être dans le
vrai, si l'on veut, mais la personnalité de Morel disparaît et
reçoit une forte atteinte de cette insuffisante constatation.
Nous disons insuffisante afin de bien marquer que le brevet
décerné dans ces conditions à Jacques Morel, s'il est exact,
ne l'est pas complètement et avec honneur. L'éloge auquel
a droit Jacques Morel, c'est précisément d'avoir secoué le
joug de l'école de Bourgogne dont il parle la langue, d'être
 sorti hors du rang, d'avoir fait preuve d'indépendance, avec
mesure, avec goût, avec la supériorité d'un maître. Il est à
Lyon. Dijon ne l'a pas vu dans ses ateliers. Le chapitre de
l'église primatiale de Lyon se préoccupe d'élever le tombeau
du cardinal de Saluces. Jacques Morel, ou mieux maître
Jacques, c'est ainsi qu'on l'appelle, jouit d'une grande
réputation. Architecte et sculpteur, Jacques est maître de
l'œuvre de la cathédrale de Lyon. C'est à lui que s'adresse
le chapitre. Le monument sculpté par Morel sera détruit
en 1562. Regrettons-le, car cette disparition nous empêche
de dire à quel degré s'est élevé l'artiste dans l'exécution.
   Mais un document subsiste. M. Rondot vous a parlé du