Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                    SCULPTEUR LYONNAIS                     77
 contrat intervenu entre le cardinal et l'imagier lyonnais. Ce
 contrat renferme les plus minutieux renseignements sur la
 composition du tombeau de Saluces.
    Or, ceci est capital, l'ordonnance, la disposition géné-
 rale, les détails, rien dans le monument du cardinal de
 Saluces ne rappelle les tombeaux classiques de l'Ecole de
 Dijon. Morel est donc à tout le moins un indépendant. S'il
 était permis de le confondre avec les disciples de Claux
 Sluter, comment se fût-il affranchi de la coutume à laquelle
ses contemporains de Bourgogne étaient impuissants à se
soustraire ?
    Mais ce n'est pas seulement la composition, c'est le style
qui décide avant tout de la personnalité d'un maître. Si le
style du tombeau du cardinal de Saluces ne nous est pas
connu, l'église de Souvigny a protégé le monument du duc
Charles de Bourbon, et d'Agnès, sa femme. C'est encore
Jacques Morel qui l'a sculpté. Ici, toutefois, l'ordonnance
générale se rapprochera de celle des tombeaux de Dijon.
Mais, ne l'oublions pas, Agnès de Bourbon est la fille de
Jean sans Peur, et la petite-fille de Philippe le Hardi. Les
monuments des terribles ducs* décideront, par leur forme,
de celle qu'il convient d'adopter pour le tombeau d'Agnès.
Ainsi s'explique la concession, toute fortuite, de Morel, aux
principes en honneur chez les Bourguignons. Mais le style,
l'accent, l'idiome sont des qualités innées, qui toujours
trahissent la personnalité et révèlent un être supérieur.
Maître Jacques l'a bien prouvé dans les sculptures de Sou-
vigny. Là encore il est indépendant.
   La langue qu'il parle est plus pure, plus sobre, plus élé-
gante que celle dont se servent les imagiers de Dijon. A la
forme ramassée, si familière aux disciples de Sluter, maître
Jacques fait succéder une forme plus juste dans ses propor-