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398 LE RELIQUAIRE une page de grande sculpture, et nous ne croyons pas que M. Armand-Calliat lui-même ait rien fait encore d'aussi parfaitement beau. Les ailes de ces deux anges jouent un rôle important dans l'économie générale de la composition. Abaissées vers la terre, les ailes intérieures donnent un fond au groupe sculptural; les ailes extérieures, redressées au con- traire avec décision, fortifient le mouvement pyramidal de l'œuvre tout entière, et rassurent le regard et la raison, en offrant à la Sainte-Chapelle une assise plus large. Le maître a compris qu'il ne fallait pas, par le jeu des couleurs, distraire l'attention de la pure beauté des formes ; aussi s'est-il contenté de jeter çà et là quelques émaux très doux. Cependant une note plus brillante était néces- saire pour préparer les yeux à la riche décoration de la Sainte-Chapelle : voilà pourquoi il a donné aux anges des limbes découpés dans le bronze, comme transparents, et tout lumineux d'émaux intenses. De la châsse elle-même, il y a peu de chose à dire. C'est un bijou d'orfèvrerie, une imitation gracieuse de la Sainte- Chapelle du Palais de justice, avec son porche élégant, ses tourelles d'escaliers, ses contre-forts, son abside, sa crête ajourée, et son aiguille dentelée. Des émaux éclatants tien- nent lieu des vitraux, comme si le cœur du saint Roi rem- plissait sa châsse de lumière. Est-il besoin de remarquer à quel point est heureuse encore cette pensée d'avoir choisi, pour y déposer les restes de saint Louis, une copie du sanctuaire qu'il avait lui-même élevé à des reliques sacrées ? La Sainte-Chapelle, n'est-ce pas d'ailleurs le xm e siècle tout entier, avec sa foi mystique et les belles choses quelle inspire ? Nous quittons cette étude presque avec remords, car