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                     LE COMPLOT D'ALAGON                         377

archers accourus au signal de leur prévôt. Functis les arrête
et les fouille, mais ne trouve rien, et il va les emmener,
désespéré de n'avoir pas de preuves écrites de la trahison,
lorsqu'un faux mouvement de Bruneau fait tomber un petit
papier; c'était le projet de complot, rédigé de sa main en
espagnol, qu'il avait essayé de glisser dans sa jarretière.
Functis s'en empare aussitôt et apprend ainsi « une partie
de ce qu'on voulait savoir. » Les archers se remettent en
route avec leur proie et conduisent Bruneau au Châtelet,
Meyrargues au Fort-1'Evêque (2). Le Père Daniel dit que
ce dernier fut enfermé à la Bastille ; mais cela est peu pro-
bable, car dans ce cas, on aurait trouvé trace de ce fait
dans les Économies de Sully. Parmi tant de charges, Sully
avait depuis 1602 celle de capitaine de la Bastille; Henri IV
la lui avait donnée avec un de ces mots gracieux qui dou-
blent une récompense : « Si j'ai des oiseaux à mettre en
 « cage et à tenir seurement, je me repose sur votre prê-
 te voyance, diligence et loyauté. »
    Peu de jours après leur emprisonnement, Meyrargues et
Bruneau furent interrogés dans [leurs cellules, en présence
 de M. de Loménie, secrétaire d'Etat, par deux conseillers
 d'État, Jean de Thumery, sieur de Boissise, et par Pierre
 Jeannin, celui qu'on nommait « le fils de ses vertus. » Le
 système de défense des inculpésétait tout indiqué : d'après
 eux, leurs relations n'avaient d'autre but que de permettre à
 Meyrargues de prendre du service en Flandre. Comme on
 n'en pouvait tirer d'autres aveux, ils furent renvoyés devant
 le Parlement pour être jugés. Henri IV ne voulait pas à ce


   (2) « Je suis mort, s'écria MeyrarguesTen se voyant arrêté ; mais si
le roi me veut donner la vie, je lui découvrirai de grandes choses. »
(Papon, XIII, 421.)