page suivante »
LA 344 PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX tances qui lui furent faites de le donner au public. Il céda et il le dédia « à la Reyne du ciel et de la terre, très grande, très haute et très puissante princesse », la suppliant « de recevoir ses Bergers avec la même douceur qu'elle les reçut à Bethléem jadis et luy, quoy que très grand pécheur, pour son très humble serviteur. » Le succès toutefois n'engagea pas Louis Jacquemin plus avant, il s'arrêta après ce premier essai. Le théâtre, même tel qu'il l'avait pratiqué, lui parut-il cacher des pièges qui effrayèrent les scrupules de sa piété? Je ne saurais le dire, mais il ferma sa porte à la Muse et se consacra exclusive- ment aux fonctions ecclésiastiques. Sa vertu était austère, ses conversations sérieuses, son maintien grave, sa sagesse reconnue et ses conseils appréciés. La renommée de sa cha- rité survécut à celle de son talent et une note, écrite, vers la moitié du xvm e siècle, par un curé de. la paroisse, rappelle ses grandes qualités morales, sans rien dire de son poème. Les pauvres le bénirent plus longtemps encore ; après avoir toujours été compatissant pour eux, il leur donna sa dernière pensée et le fruit de ses économies ; ils reçurent par son testament une rente annuelle de seize livres : aumône modeste, mais intention généreuse qui embaume toute une vie et la tombe, où elle finit, du parfum exquis de la charité. Dans le Triomphe des Bergers, l'observation locale, le trait pittoresque, les détails de mœurs sont trop absents et nous l'avons regretté; ils abondent, au contraire, dans les Fragments de Mémoires, échappés, on ignore par quel avan- tageux hasard, aux atteintes du temps et sauvés de la négli- gence des hommes. Jacquemin savait regarder, et il ne mettait pas moins de fidélité à consigner ce qui l'avait frappé qu'à voir exacte-