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REVUE DU MOIS 329 arrêt. Chez les visiteurs les plus recueillis, il y a bien un grain de curiosité. Mais malgré la condamnation prononcée contre « ces supers- titions d'un autre âge », il est douteux que « la fête de l'Equinoxe » remplace de sitôt celle du Jeudi-Saint. >K Pâques, c'est la fin de l'hiver. A preuve que, chez nos grand- pères, il était de tradition d'enfiler le pantalon blanc et de coiffer le chapeau de paille pour se rendre à « l'Ile ». On a pu voir quelques chapeaux de paille, mais pas un seul panta- lon blanc. Quant à la vogue de l'Ile-Barbe, il y aura fort à faire pour lui rendre son éclat d'aman, alors que l'affluence des promeneurs obli- geait l'administration à partager le pont dans sa longueur, par une barrière, et que la foule des allants et des venants, divisée en deux courants distincts, imprimait au tablier du pont un mouvement inter- rompu. >K D'autres plaisirs attirent nos contemporains : les courses paraissent s'implanter chez nous, et la piste de Bonneterre ne chôme pas. Après les courses du lundi de Pâques, il y a eu la réunion privée du Riding-Club. C'est peut être une exigence de ma part, mais les jeunes Lyonnais qui se donnent le plaisir de l'équitation ne pourraient-ils pas se débar- rasser, de cette terminologie anglaise, qui avait sa raison d'être quand les courses étaient d'importation récente ? Ne peut-on courir sans se traiter de gentleman, ni se trouver en bonne compagnie sans être d'une réunion very sélect ? D'autant que je constate avec plaisir que, hormis un, My girl, tous les chevaux engagés portaient des noms du meilleur français. >j< Pour clore les vacances de Pâques, le nouveau préfet du Rhône et Mme Jules Cambon ont donné leur premier bal dans les salons de l'Hôtel de Ville. Bien que le bal soit essentiellement plaisir d'hiver, la foule était nombreuse et les danses ont été suivies avec entrain. C'est, d'ailleurs, une mode qui tend à se propager, celle des bals printaniers. Le mouvement sied bien à cette saison où tout fermente et bouillonne, mais il eût été désirable que l'usage des soirées dansantes, en tardive saison, coïncidât au moins avec l'installation de la lumière électrique dans les salons : car la température y est souvent insuppor- table.