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                   LE COMPLOT D'ALAGOX                   317

la conviction que son complot est connu du roi ? Va-t-il se
repentir et se jeter aux pieds de son prince, en lui deman-
dant un pardon qu'il sait bien recevoir ? Non ; ici le même
fol orgueil qui avait aveuglé Biron va aveugler Meyrargues,
et la bouche royale qui ne demandait qu'à pardonner lui
dira, à lui aussi : « Adieu, baron de Biron! » Il se jettera
dans de nouvelles intrigues, dans de nouvelles rébellions,
et la mort qu'il recevra punira plutôt son imprudence que
sa trahison. Il arriva à Paris vers les premiers jours d'oc-
tobre, et ne put voir immédiatement le roi. Du reste,
Henri IV ne paraît pas avoir fait droit à sa requête ni
écouté les doléances de la Provence, se réservant peut-être
de faire sous peu le voyage de Marseille, qu'il avait failli
entreprendre, lorsqu'avec ses 7,000 hommes et ses canons,
il parcourait l'Auvergne en punissant les traîtres.
   La reine Marguerite et Sully le poussaient beaucoup à
ce voyage qui, d'après eux, aurait déjà dû être fait; et à ce
propos, il est à remarquer que ce même Sully, qui parle si
aisément des tentatives contre son maître, et nous laisse
entre autres un récit si complet de la trahison de Lhoste,
n'a rien dit du complot de Meyrargues, infiniment plus
important. A-t-il eu peur de ces Montpensier, de ces
Joyeuse, de ces Guise, dont le nom revient à tout instant
comme celui des parents de Meyrargues ? Toujours est-il
possible, que n'ayant pas découvert lui-même cette conspi-
ration, il ne lui ait pour ce motif consacré qu'une ligne de
ses Économies, si personnelles, on pourrait presque dire si
égoïstes, et ait laissé, comme il le dit, « aux historiens le
soin de raconter cette rébellion. »

                                        SAINT-QUIRIN.

          (A suivre.)